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Florent Marchet – Maisons Alfort

mercredi 20 décembre 2023, par marc


Une excellente alternative au paresseux best-of est la relecture diagonale d’une discographie. On a connu la réussite étincelante de Patrick Wolf qui constitue maintenant son album vers lequel on se dirige en priorité, ou alors les belles versions de Fink ou Basia Bulat. C’est un peu la démarche de Florent Marchet qui profite de l’élan d’une tournée en cours pour enregistrer chez lui à Maisons Alfort des versions dépouillées forcément impeccables.

Comme on le suit depuis son premier album, on profite de ses 20 ans de carrière. Question séquencement, les morceaux sont regroupés par paquets autour d’albums. A peu presque. Pas de morceau de Frère Animal cependant, sans doute que le format moins ‘chanson’ s’y prêtait moins. Les morceaux retenus par contre passent plutôt bien la rampe de ces relectures plus sobres, le piano-voix de base étant relevé d’un peu de chœurs ou d’une trompette.

Même les morceaux plus pop à la base comme Benjamin passent très bien la rampe, même si les arrangements pourront manquer. On se rend aussi compte que ces chansons sont solidement charpentées même si on n’en retrouve pas toutes les qualités de production d’un Rio Baril par exemple. Il faut voir ceci comme un complément pour le fan, les albums eux-mêmes restant inévitables. Le résultat n’est pas exagérément uniforme malgré l’omniprésence du piano-voix. On a beau connaitre tout ceci par cœur, on redécouvre et on réapprécie ces incunables, renforçant le côté trésor caché de leur auteur.

Au niveau des confirmations, il se confirme qu’on est moins bouleversés par Bambi Galaxy que par Garden Party qui était tout de même notre album de l’année 2022. Une fois qu’on est entrés dedans, étrangement, on tourne autour, on évite de s’y frotter trop souvent, sachant qu’on se retrouve face à soi-même. De Justesse est un des plus gros pourvoyeurs de frissons de ces dernières années. On s’en sort à peu près avant d’encaisser La Vie Dans Les Dents. Et puis on réécoute Pourquoi Etes-Vous Si Triste ? Et on réalise que depuis tout ce temps, ces morceaux nous étranglent à chaque fois.

Alors que Benjamin Biolay se fait plaisir en revisitant sa discographie en mode symphonique, Florent Marchet prend logiquement le chemin inverse avec ces versions dépouillées qui balayent toute sa discographie. Pour aborder ou approfondir un des plus grands auteurs-interprètes francophones de notre époque, Maisons-Alfort se présente comme un excellent complément à son œuvre essentielle.

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • Florent Marchet – Maisons Alfort 21 décembre 2023 06:13, par Laurent

    ... et voilà comment au final, on se retrouve avec un des disques qu’on aura le plus (ré)écoutés en 2023. Nom d’une pipe, il y a des morceaux qui sonnent si évidents en piano-voix que j’en viens parfois à oublier leurs arrangements originaux.

    Merci pour le clin d’œil / lien vers le Biolay, dont j’avais clamé un peu tôt qu’il était l’album live de l’année. Dans son genre hybride pseudo-live, ceci est évidemment encore une fois un quasi indépassable toutes catégories confondues. Je le mets d’autant plus définitivement hors concours au classement annuel mais vraiment, quelle merveille absolue !

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    • Florent Marchet – Maisons Alfort 21 décembre 2023 07:53, par marc

      Finalement, je ne l’ai pas tellement écouté parce que Florent Marchet a tendance à me sauter à la gorge à chaque écoute. Mais c’est sans doute un album qui sera écouté au fil des années à venir.

      C’est pratique de renvoyer vers ton site que est plus exhaustif que celui-ci.

      Et puis je ne vais pas hésiter à mettre cet album dans mon top 2023, comme les albums équivalents de Patrick Wolf et Fink avant lui (non, il n’y aura pas le best-of Murat, quand même...).

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