Accueil > Critiques > 2024

Centredumonde - Ubac (EP)

lundi 12 février 2024, par marc


La critique est aussi une lutte perdue d’avance contre la marche du temps, maintenant qu’il est des nôtres, Centredumonde le sait aussi. Il avait déjà évoqué en parlant du moins marquant dernier Daho de cette anecdote d’un cactus écrasant celui qui lui a tiré dessus. Sur ce nouvel EP, il imagine un parcours à ce personnage. On retrouve donc ici quelques losers qui ne se donnent même pas la peine d’être magnifiques. Franz est cet illuminé qui s’est lancé de la Tour Eiffel pour un saut dans le vide pour voler. On sent dans la vidéo qu’il y a ce vertige, cette nécessité de sauver la face avant l’échec certain, et la mort stupide par écrasement.

Mais on n’est pas ici dans la catégorie musicale des Darwin Awards, on est là parce que la mélancolie, pour le ton direct, pour les fins de morceaux intenses, pour les suites d’accords mineurs. Pour la disto sur sur la plage titulaire, aussi. On n’ira pas jusqu’à évoquer Mono (en fait, si) dans cette mélancolie totalement assumée mais bon, il y a toujours ce morceau qui marque, qu’on emporte avec nous. L’Ubac c’est l’autre côté de la montagne, l’inévitable descente. Une métaphore de midlife crisis alors ? Oui, peut-être mais elle réserve aussi des surgissements, une dose de vérité inattendue et implacable. On pense au grandiose It’s Easy To Be Lonely de Sophiapour cette psalmodie bien sentie.

J’ai fait des choix/J’ai aimé, j’ai perdu/Quelle joie sauvage/De brûler en riant/Les idoles de passage/Se rendre au néant/Dans un dernier naufrage/Se sentir vivant, se sentir vivant.

On a aimé découvrir Claire Redor (qui revient ici), Garden With Lips (toujours au graphisme) ou David Jestin mais bon, on est contents de retrouver sa voix à lui.

Non, on n’a pas reçu de carte de Centredumonde à Noël (pas son genre sans doute), on a eu mieux que ça, notre ration annuelle de morceaux à la sincérité désarmante. Cet EP n’est pas autant fait à l’arrache qu’il aime à le penser, il y a les compilations de maquettes pour ça. Et puis deux morceaux ont été retravaillés après la sortie, ce qui dénote une vraie satisfaction du travail bien fait. Et ici, c’est du beau boulot, l’échine qui se dresse peut en témoigner.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Centredumonde - Ubac (EP) 16 février 08:43, par Laurent

    On n’est jamais déçu avec Centredumonde. Je ne tempère même pas mon enthousiasme à la relecture de sa critique de Daho, que je n’approuve à aucun niveau. :-)

    repondre message

    • Centredumonde - Ubac (EP) 16 février 13:14, par marc

      Jamais déçu en effet.

      La voix discordante sur Daho m’avait beaucoup amusé, même si mon ressenti sur l’album n’est pas le même que le sien (ni que le tien, du reste...).

      repondre message

  • Nicolas Jules – La Reine Du Secourisme

    Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
    Une musique n’est pas parfaite quand il n’y a rien à ajouter mais quand il (...)

  • Beyries - Du Feu Dans Les Lilas

    Honnêtement, on l’a vu venir cet album. Inconsciemment, on l’a espéré aussi. Si Encounter avait vraiment plu, c’est le seul titre en français qui avait le plus marqué. On avait retenu le nom, et le temps a passé. Quand Du Temps a été lancé en éclaireur, l’échine s’est serrée immédiatement.
    On avait détecté sur l’album précédent une tendance à produire des morceaux soyeux mais occasionnellement lisses, c’est (...)

  • Bertier – Machine Ronde

    L’essoufflement est un phénomène bien connu en musique. Un des mécanismes pour le contourner est de s’entourer. Autour des deux membres fixes du projet (Pierre Dungen et Lara Herbinia), il y a toujours eu une effervescence créative, ce qui leur permet non seulement d’évoluer mais de présenter avec ce quatrième album une sorte de synthèse et leur opus le plus abouti et enthousiasmant.
    Chanson (...)

  • Louis Arlette – Chrysalide

    Si on ne connait pas encore très bien Louis Arlette, on peut dire que le patrimoine a une grande place dans sa vie. Après avoir revisité le volet littéraire sur un EP de mise en musique de poésie française, les thèmes de ces morceaux vont chercher des allusions historiques. Mais le ton a changé, radicalement. Si l’EP se voulait iconoclaste et l’était peu (ce qui n’est pas un problème en soi, (...)