samedi 13 mars 2010, par
Excès de glucose
Aujourd’hui, dans notre rubrique « Que sont-ils devenus ? », gros plan sur Babybird. Rares sans doute sont ceux sui se vanteront d’entretenir un souvenir précis de l’individu. Né Stephen Jones quelque part en Albion il y a une quarantaine d’années, il a pourtant été – à l’époque où la britpop avait pignon sur rue et où l’expression ‘lo-fi’ représentait un summum de branchitude – un artiste hors normes. Réputé avoir enregistré, chez lui, des centaines de vignettes pop-rock sur huit, quatre ou deux-pistes, il en publiait un album par trimestre et ça épatait la galerie. Jusqu’à ce jour de 1996 où, après avoir visité un studio, il sortait un "premier" album en tant que groupe ; une œuvre beaucoup plus léchée, avec des titres réenregistrés dans des versions moins candides (Cornershop), des nouveautés fort orientées vers le rayon sucreries (le gros tube qui tache You’re Gorgeous) et au moins un chef-d’œuvre (Atomic Soda, qui file toujours la chair de poule quinze ans après). Les orthodoxes ont hurlé à la trahison, mais Babybird a survécu au pilori et publié deux autres disques inégaux. S’ensuivit un concert programmé aux Nuits du Botanique, et annulé à la dernière minute : la groupe avait splitté, Jones retourna dans sa chambre et disparut des radars.
Il redonnait de ses nouvelles il y a quatre ans avec un album que personne ne s’est donné la peine d’écouter. Le monde avait changé, le rock avait muté, Damon Albarn s’était transformé en dessin animé, Jarvis Cocker en dandy pas drôle et les frères Gallagher en caricatures d’eux-mêmes. Aussi, en 2010, pourquoi parler encore de Babybird sinon pour raviver une nostalgie prétendument cathartique ? Pour au moins une bonne raison : c’est que ce monsieur sait écrire des chansons. Le problème, malheureusement, c’est qu’il continue à les fringuer en trench coat et jeans ample alors qu’on est depuis longtemps (re)passé qui au survêt fluo, qui au slim en cuir. Bref, écouter Babybird aujourd’hui est aussi hors propos qu’aller à un concert de David Gilmour ou acheter le dernier Mark Knopfler. C’est plus comme avant.
Il n’empêche que la délicatesse de Black Flowers effleure parfois sa cible – le cœur – et qu’il se passe un petit quelque chose sur le refrain de Drug Time. On peut souligner aussi la construction limpide de Like Them, en tous points irréprochables à défaut de proposer quoi que ce soit d’original. De même, les cuivres mariachi d’On the Backseat of Your Car rappellent combien Jones sait se montrer efficace quand il s’agit de chanter la solitude ou le dégoût de soi. Les textes dévient d’ailleurs peu de ces motifs et Unloveable en constitue un des parangons. Pour la petite histoire, la guitare qui s’y faufile comme un ami venu vous taper sur l’épaule se surprend à reconnaître Johnny Depp à l’autre bout du médiator. Ceux qui étaient ados dans les années 90 tempéreront toutefois l’étonnement en se souvenant que Johnny aux mains d’argent, manifestement fan de Babybird au point de lui réaliser un clip, a fait partie des anecdotiques P. Le morceau figure en tout cas parmi les relatives réussites d’"Ex Maniac", à ranger à côté des plaisirs coupables pour ses « sha na na » d’un autre temps.
Ce genre de virée passéiste ne saurait cependant captiver sur la durée d’un album. L’excès de glucose menace franchement Failed Suicide Club ou Bastard – tiens, des « sha na na » – de surcharge pondérale ; or on aimerait tant voir Jones se réessayer à l’exercice monochrome du ‘less is more’. Comme un gosse dans un magasin de jouets, il persiste au contraire à tout sortir des étalages et s’obstine à ne rien ranger. Pour un oisillon, il devient dès lors plutôt pachydermique. On ne saurait dire si "Ex-Maniac" est incapable de rivaliser avec son plus ou moins glorieux passé ou si, malgré un talent intact, c’est son anachronisme qui le rend moins aimable. Unloveable ? On n’ira pas jusque là, car il y a des choses à chérir ici. Mais pour un ancien maniaque, on n’aurait pas imaginé Babybird produire quelque chose d’aussi imparfait.
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