samedi 24 avril 2010, par
Bon comme avant
Un des plaisirs de ce hobby étrange de graphomane musical, c’est la découverte et le partage de bons coins qui deviennent familiers. Le trio de Montréal nous avait gratifié d’un album excellent il y a deux ans, débusqué par Pitchfork (il faut le rappeler de temps en temps). Très varié et uniformément réussi, il nous promettait de beaux lendemains (ça y est j’ai placé une référence à Russel Banks).
Le rock seventies, c’est un peu comme tous les styles typés, on a intérêt à en faire une relecture en 2010 parce que les modèles sont souvent insurpassables dans leur genre et sont toujours disponibles dans les médiathèques. Ou sur classique 21. La réussite de Plants And Animals tenait dans leur capacité à jongler avec une facilité apparente avec beaucoup de composantes et à proposer des morceaux vraiment bluffants.
On retrouve encore cette tendance presque inévitable qui veut qu’un second album est moins varié et plus concentré que les premiers. Plus d’incartades folk, de groove ensoleillé. Moins déroutant et versatile que le premier, il repose sur des morceaux plus solides d’apparence, mais un peu plus difficiles à fixer en mémoire. Il faut attendre plusieurs écoutes en effet pour que le premier Tom Cruz (le scientologue ?) n’envoute.
Certains morceaux retiennent moins l’attention comme American Idol mais ces moments un peu plus ordinaires ne sont pas légion et de plus ne durent pas longtemps. On se retrouve par contre emporté malgré soi par Undone Melody parti sur des bases languides puis qui s’épanouit en guitares résurgentes. C’est dans ce genre de morceau qu’on retrouve pourquoi on les a aimés et pourquoi on les suit. On retrouve leur façon de chalouper un morceau sur le très bon Kon Tiki qui lui succède et cet agencement est vraiment bien vu. Allez comprendre pourquoi, mais j’ai pensé à un Spoon plus seventies, avec de la coolitude à la place de la tension.
Cette tension existe pourtant, notamment le temps d’un The Mama Papa qui n’est pas loin de LCD Soundsystem. On sent leur influence commune d’un certain rock progressif allemand (Krautrock pour ceux qui ont deviné), alors que d’autres morceaux laissent entrevoir des bribes de prog ‘tout court’ (Fake It). Dans les références vintage, on peut aussi caser le Crazy Horse de Neil Young pour Jeans Jeans Jeans.
Vous le savez sans doute, les groupes actuels donnant dans le rock ‘classique’, ce n’est vraiment pas mon truc. Mais ceux qui arrivent à utiliser des influences pour en faire quelque chose de personnel, avec des fusions réussies au passage captent bien mieux mon intérêt. Cet album manque peut-être de la folie du premier qui leur permettait de tout tenter et tout réussir, mais ils ont gardé suffisamment d’intensité pour rester pertinents.
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