jeudi 8 juillet 2010, par
Venez danser
Pour le lecteur distrait qui n’aurait pas immédiatement fait le lien, Kele est Kele Okereke, le leader de Bloc Party. Si vous arrivez à le prononcer correctement la première fois, les portes de la conversation nocturne s’ouvrent à vous.
Le pas à sauter pour que Bloc Party transpose son héroïsme en dance n’est pas gigantesque mais il fallait la franchise pour l’effectuer. Son premier exercice solo dénote une envie de pousser encore plus loin une direction déjà amorcée par le groupe « de base », de bénéficier de plus de liberté. Julian Casablancas était arrivé à sortir du pré carré de son groupe culte, Kele a voulu tenter l’échappée. Il a au moins l’avantage de la franchise, et son album plonge sans complexe dans une house qui voudrait prendre les dancefloors d’assaut.
Je ne sais pas si on est nombreux à avoir fondu sur le premier album sans avoir vraiment goûté les deux suivants, mais je note une distance grandissante entre mes attentes et les albums de Bloc Party, alors que leur succès grandit d’album en album. Donc pour ne pas s’aliéner ses coéquipiers et trop perturber son public, il se lance seul. Donc indépendamment du résultat, on aime la démarche. Ca entre en ligne de compte. Surtout qu’on aime prendre du recul par rapport aux albums qu’on écoute. Mais il faut maintenant parler du contenu. Et, clairement, on se retrouve mal pris, parce que le résultat n’est pas vraiment à la hauteur des espérances.
Le single lancé à la foule curieuse a donc été Tenderoni qui vogue dans une tendance plus vitaminée et distordue que le reste de l’album, un peu compensée par une voix placide. Les trucs et astuces fonctionnent en plein il faut dire et on a connu tellement de remixes de Bloc Party qu’on serait étonné que personne ne s’y attelle ici. Parce qu’il y a de la matière, entre l’exercice house d’On The Lam et la dance plus convenue de Rise qui n’a pas peur d’une voix féminine pas distinguée qui débite un « I’m taking over’ » ad lib.
Même si l’exercice est différent, il me semble parfois planer l’encombrante ombre d’un Tv On The Radio toujours hors d’atteinte. C’est plus flagrant dans des morceaux qui se veulent peut-être complexes mais apparaissent comme vraiment décousus comme The Other Side ou à l’opposé quand l’intensité visée est supérieure (Everything You Wanted). Comme parfois, on trouve un peu par hasard un point de référence qui vient polluer le jugement. Mais c’est quand même prégnant.
Fort heureusement, cette comparaison ne tient la route que pour les morceaux cités. Et certains parmi ceux qui ont des visées moins sudoripares s’en sortent bien, à coups de cloche pour Rise ou de chouette gimmicks pour Unholy Thoughts qui en ressemblant plus à Bloc Party montre quelle place prépondérante le chanteur a dans le son du groupe. La voix, quant à elle, m’a fait penser à Xiu Xiu. Sans doute pour l’affectation. On constate d’ailleurs son penchant intact pour le grandiloquent qu’il laisse définitivement s’épancher sur les chœurs indigestes de All the Things I could Never Say ou le toc technologique de Yesterday’s Gone. C’est un ressenti purement personnel, mais j’ai du mal à être ému quand il me demande de l’être impérativement. Le garçon sait chanter, écrire des chansons qui tiennent la route, mais de là à assumer aussi seul un changement de style aussi radical, il y a de la marge. Il a abordé un style nouveau avec une belle franchise et sans trop de clichés ; mais on a l’impression qu’il s’est un tantinet surestimé. Par exemple Walk Tall est un peu le pet entre deux chaises, entre un terrorisme sonore que pourrait justifier une puissance de feu supérieure, et des passages plus faciles à l’oreille. Le résultat est donc aussi mitigé que celui des mélanges qui n’ont pas pris.
La satisfaction intellectuelle est franchement secondaire pour un album dance. On peut juger le caractère putassier (ceci ne l’est pas) ou efficace (ça ne l’est pas vraiment non plus) du résultat, c’est tout. Evidemment, juger d’après des écoutes au casque est sans doute un peu réducteur et il faudra se retrouver dans l’état idoine à l’endroit ad hoc pour pouvoir trancher définitivement. Mais d’une manière générale, le manque cruel de morceaux qu’on a envie de réécouter est rédhibitoire pour ce premier album qui révèle l’étendue du talent de Kele mais aussi une partie de ses limites.
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