vendredi 18 juin 2010, par
Seconds couteaux
Vous connaissez beaucoup de soi-disant « supergroupes » qui, ces trente dernières années, se seraient révélés supérieurs à la somme de leurs parties ? Je serais ravi d’entendre des noms car, à ma connaissance, la règle pour ceux-là n’a jamais dévié : ce n’est pas l’atome qui fait l’alchimie, c’est l’atome crochu. Et ce n’est pas parce que des membres de Mercury Rev, de Stars Like Fleas ou de Beirut ont décidé de créer une ligue secrète que cette dernière accouchera forcément d’un chef-d’œuvre. Suivant un principe de proportion inversée, c’est peut-être justement parce que les membres en question sont tous des seconds couteaux que la formule a l’heur de plutôt bien fonctionner sur cet album – leur troisième – long et terriblement varié.
Rock variété ? Restons courtois. Si le leader Justin Russo admire manifestement Jeff Lynne et contribue à la réhabilitation d’Electric Light Orchestra qui semble être le maître mot de cette année 2010 – ils reprennent ici avec brio Yours Truly 2095 – on reste d’autre part sur le terrain bien balisé du rock de chambre, épique juste quand et comme il faut. When Stars Attack !!! se poserait ainsi en modèle de ballade martiale brutalement soufflée par une explosion orchestrale qui oublie de prévenir. Les delikatessen de Little I ou le joyeux feu d’artifice de Resignation Studies sont d’autres points de repère qui ne dépayseront pas les consommateurs les plus friands de l’indé nord-américain. Cependant, The Silent League se permet bien des infidélités et affirme tout le long de l’album, avec plus ou moins d’évidence, son net penchant pour les sonorités progressives.
Il faut ériger en exemple The Ohio Winter Convention, parfaite promenade harmonique qui s’achève dans le brouhaha, ou le finale psychédélique de Here’s a Star, croisement intrigant entre MGMT et le Bowie spationaute. Ailleurs, on est désarçonné par quelques idées d’arrangements qu’on croyait enterrées à jamais : synthé préhistorique sur There’s a Caretaker in the Woods, délire au wurlitzer sur Rules of Disengagement ou But You’ve Always Been the Pilot et, plus fort que tout le reste, Day Planner qui ose rien moins qu’un solo de saxophone. Le pire, c’est que tout ça semble couler de source, du coup on ne boude aucun titre et le voyage procure un vrai plaisir. Jusqu’à Final Chapter Meeting, dernier morceau avant l’épilogue et superbe envolée de gothique flamboyant, dans la plus pure tradition canadienne : un vrai diamant brut.
Pas de chef-d’œuvre donc, mais une totale réussite dans le genre trop fréquenté du rock mi-mélancolique mi-fanfaron qui tourne au moteur à explosion. Dans la mesure où The Silent League n’en sont pas les champions et que le champ musical est suffisamment vaste pour qu’on économise notre extase vers des choses plus originales, on ne va pas non plus leur dérouler le tapis rouge. Soulignons toutefois combien leurs goûts inhabituels, loin d’être des facteurs rédhibitoires – voir notamment cette épatante reprise d’Alicia Keys sur le disque bonus – leur confèrent en réalité un code génétique distinctif. On ne va pas faire dans l’eugénisme, mais disons que cette ligue possède l’ADN de gentlemen extraordinaires.
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