jeudi 10 août 2006, par
Voilà un joli cas de conscience. Le propos d’une chronique n’est pas l’épanchement mais dans ce cas il est bon de rappeler qu’à force de l’évoquer, de le hurler à toutes les occasions, de le faire connaître à tout mon entourage je manque de l’objectivité nécessaire à l’entame de cet exercice. Je ne pourrait pas le commenter froidement je vous préviens déjà.
1964 est l’année de naissance de Miossec. Quarante ans, c’est dingue mais c’est comme ça. Alors ces préoccupations sont assez éloignées de celles du public de Kyo par exemple. Et des nôtres aussi. Un Miossec apaisé donc, plus en paix avec lui-même, plus sentimental.
Peut-on lui en vouloir ? OUI. Oui parce que ce qui nous touchait c’était que la tendresse était rentrée. On savait qu’elle était là mais on faisait comme si de rien n’était et ça nous convenait très bien. On aimait la mauvaise foi, la masculinité terrible jusque dans ses travers les moins avouables. Miossec était un paradigme de l’homme, du lâche, de l’amant (Elle n’était même pas belle...), de l’alcoolique (Chaque nuit bière sur bière/A la recherche d’un animal/Qui se laisserait faire/ Et pour qui ce serait égal/D’avoir un homme droit et fier/Ou un qui s’étale), pas du héros qu’on aurait voulu être mis celui qu’on est malgré nous (Comment ça commence/Comment ça finit/Comment ça se fait qu’on était ensemble/Pourquoi moi et pas un de tes anciens amis/Y’en avait aussi des biens dans l’ensemble). Le cynisme parfois nous faisait du bien, on savait qu’on était compris, digéré et qu’un Brestois pouvait mettre des mots dessus (Je t’aime c’est rien de le dire/ encore faut-il voir que c’est du vent/un truc pour ne pas en finir/Tout seul jusqu’à la fin des temps). L’humour est parti un peu aussi, celui dont Saint-Exupéry disait qu’il était l’ultime politesse du désespoir.
Si Guillaume Jouant est parti vers d’autres aventures (avec Karine Clerq notamment), il est remplacé ici par Joseph Racaille. Pour le meilleur oserait-on dire, parce que c’est bien foutu, bien léché et souvent inventif. C’est quand même d’un niveau bien supérieur à Brûle et à ce qui s’est fait avant. Mais derrière ce label Chanson française de goût (mais combien peuvent-ils se targuer de l’avoir ?) se cachent des gimmicks pas toujours reluisants (Commencer ou terminer toutes les phrases de la même façon par exemple).
On a affaire en résumé à un bon album avec de vraies bonnes chansons dedans (Je m’en vais, Désolé pour la poussière) mais c’est la certitude que celui qui a accouché de Boire et Baiser ne bouleversera plus. Tant pis pour la minorité que je représente, tant mieux pour ceux qui vont découvrir le meilleur auteur de chanson française vivant. (M.)
Il y a quelques jours on vous parlait déjà de la nouvelle promotion d’artistes français pop qui nous ont plu récemment (Max Darmon, Prattseul...) et on peut sans hésitation ajouter Acquin à la liste. Un jour un journaliste de Libé a parlé de ’Gainsbourg du Marais’ et c’est un ’quote’ réutilisé pour présenter l’artiste. Il conviendra bien évidemment de se débarrasser de cet encombrante étiquette au plus vite (...)
Une des tendances de cette année 2023 est l’arrivée de nombreux talents en chanson française. Loin de la tradition de la rive gauche, il existe toute une frange un peu inclassable et très aboutie dont les membres seraient Guillaume Léglise, Max Darmon, Auren ou autres Buridane. Si les résultats sont très différents, la verve avec laquelle ils abordent la pop francophone est une bonne surprise.
Fort (...)
Il est important de bien choisir son patronyme quand on est un artiste. Zaho de Sagazan mêle donc savamment une particule, un prénom court et rare et un étrange mélange de tradition et d’inventivité qui colle bien au contenu. Sauf que c’est son vrai nom, pas un artefact et en tant que tel, ça semble presque trop beau pour être vrai.
Cet album qui avait été précédé d’une belle curiosité le serait-il (...)
On n’était pas prêts, personne ne l’était. A la lecture des évocations à l’arraché, rien n’était préparé du côté de la presse. Des fans non plus. Bon, on ne va pas tenter de retracer sa carrière ici, ni faire une exégèse d’une compilation. Non, on va rappeler l’existence de ce Best-Of dans un but de service public.
S’il est bien une posture qui lui est opposée, c’est celle du cynisme commercial. Murat et (...)