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Uffie - Sex Dreams & Denim Jeans

dimanche 4 juillet 2010, par Laurent

« S’ils n’y vont pas maintenant, c’est fini ! »


Et c’est reparti pour un Tour. Sur deux roues et selon un périmètre hexagonal. Je ne suis pas un grand fan de cyclisme – encore moins que du Mondial de foot, c’est dire – mais ce qu’il faut avoir vécu au moins une fois, c’est le plaisir d’entendre Eddy Merckx, consultant sportif de luxe, commenter une étape du Tour de France. Ce qui est bien avec Eddy, c’est son côté rabat-joie, son art de casser tout suspense avec la précieuse autorité que lui confère son statut d’intouchable et bien sûr, de fin connaisseur.

Ainsi, alors que le journaliste fait de son mieux pour fidéliser ses téléspectateurs en maintenant une fausse tension dans ce sport franchement peu télégénique, le Cannibale coupe sec ses élans de narrateur en lâchant un tonitruant : « Hoooo, s’il n’y va pas maintenant, c’est fini ! » Sa manière à lui, tout en finesse, d’exprimer que si le challenger n’attaque pas dans la côte, il peut faire une croix sur le maillot jaune. L’étape est bouclée, si pas le Tour entier, à 200 km de la ligne d’arrivée, bonsoir, tout le monde peut rentrer chez soi.

On ne va pas plus vainement tenter d’entretenir un quelconque suspense autour de l’album d’Uffie : non, ce n’est pas le disque pop de l’année, celui qu’on attend toujours et qui risque bien de ne plus arriver. Parce que l’été est là et que c’est le moment ou jamais d’asséner un gros coup de légèreté et d’évidence à la face d’un globe qui voudrait danser toute la saison. Seulement, les cigales de 2010 semblent déjà fort dépourvues et personne n’a l’air prêt à lancer son assaut avant qu’il ne soit trop tard : « S’ils n’y vont pas maintenant, c’est fini ! »

Uffie avait pourtant, sur papier, tous les atouts pour frapper fort. À seulement 22 ans, la jeune Floridienne a déjà derrière elle un sacré paquet de featurings haut de gamme (pour Justice ou Mr Oizo par exemple) et après tant de bons et loyaux services, il était grand temps que l’écurie Ed Banger la laisse voler de ses propres ailes, d’autant que la petite sait, paraît-il, ce qu’elle veut. Las ! à l’instar de ce qu’Amanda Blank a pu trahir comme promesses au rayon dancehall, l’acid house à forte teneur rock n’ roll d’Uffie peine à convaincre sur la longueur, malgré le bon goût de la maîtresse des lieux.

Ainsi, reprendre le plus gros tube de Siouxsie & the Banshees (Hong Kong Garden) n’offre aucune garantie de gloire immédiate dès lors qu’on se contente d’un banal décalque augmenté d’une boîte à rythmes. En revanche, le sample du Velvet Underground sur la plage titulaire offre sans conteste à l’album un de ses grands moments, le disputant à la trance salace d’Art of Uff, morceau moite et obsédant. Il y a aussi quelques petits bijoux de production, comme l’irrésistible MCs Can Kiss qui laisse tout de même perplexe sur la fin avec son solo de... euh... de quoi, en fait ?

Laissons aussi le bénéfice du doute, et comptons parmi les réussites, les tentatives de pratique de l’idiome italo-disco, notamment sur le charmant Difficult et ses relents de Ricchi e Poveri ponctués par un aphorisme piqué à Puff Daddy ou bien, en compagnie d’un Pharrel Williams en pilotage automatique, sur le plus spatial ADD SUV qui trahit par chaque pore la mainmise du son Pedro Winter – en particulier les dernières secondes, plus que réminiscentes du Pedrophilia de son alter ego Busy P. Admettons encore les titres plus lents comme Our Song et First Love, clin d’œil appuyé aux eighties romantiques avec son échantillon cheesy de F.R. David, ou encore le long et sensuel Illusion of Love, qui sonne très germain sans user d’un seul mot d’allemand.

Mais comment peut-on accepter qu’un titre porte aussi bien son nom que l’horripilant Neuneu, avec ses paroles souffreteuses (« I came to rock the party », ce genre) et surtout, l’atroce imitation de Ke$ha à laquelle se livre Uffie et qui résonne de dispensables échos sur Brand New Car ? Le comble étant que les deux autres titres les plus faibles se retrouvent respectivement au début et à la fin de l’album. Pop the Glock, resucée poussive d’une certaine electro-pop déjà flétrie, a le mérite de dater de 2006 et de rappeler que c’est Ke$ha qui a pompé Uffie et non l’inverse – mais si vous y voyez un quelconque objet de fierté, faites un signe.

L’été est torride et risque d’être long. Il n’est donc pas encore trop tard mais de grâce, pour le disque pop de 2010, il faudrait se dépêcher avant qu’on ne se fourvoie sur des dancefloors discutables. Le DJ passe un tube pourri, alors on danse... mais c’est vraiment parce qu’on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. S’il n’a pas bientôt un bon album entre les mains, c’est fini ! Alors on rentre.


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2 Messages

  • Uffie - Sex Dreams & Denim Jeans 24 août 2011 09:52, par nicolas

    Bonjour,

    j’aime beaucoup votre critique (et réactif qui plus est pour commenter une critique de 2010) mais mieux vaut tard que jamais.
    Dites-moi, j’aimerais savoir, l’avez-vous trouvé LA galette Pop de 2010 ? Et à défaut quel album retenez-vous comme meilleure disque pop de 2010 ? et de 2011 ?

    Merci par avance,
    Nicolas

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    • Uffie - Sex Dreams & Denim Jeans 24 août 2011 17:39, par Laurent

      Bonjour Nicolas. Vous tombez à pic, je sors moi-même d’une longue hibernation. Pour la galette pop de 2010, et à mon très humble avis, la suite et fin de la quête estival se passait ici, avec des infos plus complètes ici...

      Pour 2011 et l’été qui s’achève... mmmh... bonne question ! Je dirais, sans trop de conviction, que le disque récent qui m’a le plus rafraîchi cet été est l’album de Toxic Avenger.

      À la revoyure !

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