mardi 14 septembre 2010, par
Il est fou ou il fait le fou ?
La folie peut être une valeur refuge. C’est l’étrange paradoxe que m’inspirent des groupes comme Xiu Xiu ou Of Montreal. Parce que si ces deux formations peinent à livrer des albums passionnants de bout en bout, on sait qu’on aura notre content de distraction, à défait d’émerveillement. Et cette nouvelle livraison du groupe de Kevin Barnes a le mérite de ne pas trainer dans sa mise en place. Quelques millièmes de seconde et on est dans le bain moussant. La minute n’est pas passée qu’on a déjà entendu trois mélodies.
Autant dire que ceux qui ne sont pas des amateurs de ce genre de circonvolutions sauront vite où se situer. Façon polie de dire que beaucoup vont fuir. Ceux qui resteront auront droit aux traditionnelles paroles inspirées sur des thèmes qui restent toujours orientés sexe, avec une prédilection pour le transgenre, même si ici ils n’ont pas convoqué leur trans black. On ira des tribulations d’un amoureux transi d’une foldingue finalement pas si éloignée de celles qu’on a connu (non, ce n’est pas de toi dont je parle) sur Riotous Defects à un prêche convenu mais imparable (Do You Mutilate ?) en passant par de petits amuse-bouche comme If I was treating someone else/The way I treat myself/I’d be in jail.
Evidemment, on peu encaisser plus de folie de leur part, mais pas plus de dispersion que Karma Sex qui à part son gimmick (You look like a playground to me) est un peu crevant. Le dosage est ardu on le sait, et le risque est grand de voir certains morceaux partir en vrille à plat (You Do Mutilate ?).
Quand ils se canalisent, on dirait même le David Bowie période funk blanc (Modern Love, ce genre) sans la froideur (Girl Named Hello), avec un bridge qui nous rappelle que ce sont des musiciens et que pour encaisser sans sourciller toute cette exubérance, il faut de la maîtrise. Qui se traduit parfois par un aspect plus linéaire et un son plus compact qui tient sans les soubresauts continus auxquels on était habitués. Famine Affair est un de ceux-là, avec en prime un intérêt croissant au cours de morceau et des paroles toujours au top. Quant à Enemy Gene, il semble si pas bridé (n’exagérons rien), au moins légèrement moins exubérant. Casualty Of You se présente comme un slow ‘classique’. Peut-être qu’il faut voir cet album comme une transition vers un peu plus de sagesse et d’efficacité. On suivra ça et on vous tiendra au courant. On est comme ça.
Il faut bien le dire, ce sont les convaincus qui seront contents de cet album. Ceux qui ont un avis moins inconditionnel regretteront fort logiquement qu’aucun titre vraiment fort ne puisse servir d’introduction. Leur atypique et tellement formidable The Past Is A Grotesque Animal n’a pas trouvé de successeur sur ce False Priest. Accoutumance ? Essoufflement ? En ce moment, je n’ai pas encore réussi à mettre le doigt sur ce qui a manqué pour complètement me convaincre sur cet album. La folie et la fulgurance, papa, ça ne se commande pas.
Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
En première écoute, ce Hadsel est plutôt en (...)
A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)
L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)
Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)