jeudi 14 octobre 2010, par
Mirage
Le folk, j’aime bien ça dépressif, introspectif si c’est bien senti, sensible quand ce n’est pas gnangnan. Mais je dois être franc, cet album pas brillant mais emporté par une énergie positive fait aussi beaucoup de bien. Disons immédiatement que cet album n’est sans doute pas destiné à passer à la postérité, mais qu’il m’a donné l’espoir d’une pause dans le train-train d’écoutes souvent semblables.
Ce que j’attendais et que j’ai découvert sur les premiers morceaux, c’est une bande dont je ne connaissais rien qui avait sorti un album foutraque dans le ton mais articulé autour de vrais morceaux. Ils sont en effet assez proches parfois de la frénésie d’un Rural Alberta Advantage, sans en avoir les fulgurances pop et surtout ralentissant plus souvent le tempo.
Un moment, vers la quatrième ou cinquième écoute, on prend une respiration, on réfléchit un peu et on replace cet album dans son contexte de musique et à part un son éraillé et qui baille aux entournures, on se dit que c’est terriblement classique et que de folle énergie, il n’est pas tant question que ça. Et qu’on y a peut-être projeté ce qu’on souhaitait écouter. Ces considérations ne remettent pas en cause la qualité de cet album, mais on s’est dit que la variété, c’est perdu pour cette fois-ci. Une fois cette constatation établie, on peut faire la différence entre les morceaux qui ressemblent à une version pop (toutes proportions gardées) de Two Gallants de ce qui relève du rock seventies plus classique.
Cette seconde tendance se ressent quand ils se lancent dans des chorus distordus sur Leaving Las Vegas, Reno, Laughlin dans la plus pure tradition des jam bands qui survit dans l’indie via des groupes plus propres comme My Morning Jacket. Ain’t No Weather Fouler est comme une version assagie d’un rock qui n’est pas pompeux parce que le son reste volontairement lâche aux entournures. Ils restent donc sympathiques même au cours de leurs délires guitaristiques (No Love). Evelyn Wears A Tiara est plus lent, carrément une ballade à briquet, genre pénible quand il n’est pas comme ici servi avec un peu d’indiscipline. C’est classique à mort, entendu plein de fois, mais quand c’est délivré avec sincérité, j’apprécie. Nous sommes en 2010, on se voit mal demander un contenu révolutionnaire à un groupe de rock finalement classique. A eux de trouver des façons de nous faire (même un tout petit peu) vibrer.
Ce qui apparaissait comme une bienvenue distraction s’inscrit donc dans la droite ligne de ce qu’on pensait contourner. Mais l’artisanat préservé arrive malgré tout à sauver la mise avec un cœur gros comme ça.
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