mercredi 8 septembre 2010, par
Le survivant
Quand on a raté un train musical, il est courant qu’on renâcle à le rattraper. Interpol est l’exemple de ce groupe a priori tip-top dans mes goûts mais que j’ai découvert sur le tard avec une vision rétrécie (piètre critique d’Antics) avant de me raviser (Ou Love To Admire). Et c’est seulement à l’occasion de l’article que vous êtes en train de lire que j’ai fait la découverte de Turn On The Bright Lights. Rien ne dit que j’aurais été un inconditionnel à l’époque, petite hype aidant, mais je comprends qu’on s’y réfère, même si pour moi, il n’y a pas d’énorme différence de qualité, à part peut-être une plus grande envie. Donc vous aurez compris que je ne suis pas un spécialiste de la chose, et je n’ai d’ailleurs pas eu envie ni pu m’immerger dans l’album deJulian Plenti paru l’an passé.
Interpol est un groupe de rock qui utilise des sons plutôt froids et la voix de baryton de son chanteur, pas un groupe de revival new-wave. Cette précision de miereneuker me permet en tout cas d’aborder sereinement ce groupe et de constater qu’elle les éloigne de la pénible dérive vers les synthés opérés par Editors, qui ont du avoir à peu près le même auditoire. Dans les voix de Paul, je préfère celle de Smith à celle de Banks, et la pêche d’An end Has A Start avait mis en avant les Anglais. Ils ne s’alignent pas non plus sur le romantisme plus direct et chaleureux de The National. Pourtant il était tentant de les renvoyer dos-à-dos du temps de Boxer, et la comparaison était au net avantage de la bande des frères Dressner et Berninger. Elle l’est toujours comme on le verra.
D’une manière générale, et c’est purement personnel, je ressens moins d’émotions avec Interpol qu’avec les deux points de comparaisons énumérés. Parce que leur son froid me les rend distants, ce qui n’est pas inéluctable pourtant (Joy Division, quelqu’un ?). Il y a bien évidemment dans leur discographie des morceaux qui me font vibrer (Pioneer To The Falls, Hands Away…), et ils ont trouvé ici un successeur. Lights est ce moment d’intensité supérieure qu’on est venus chercher. Le moins bon côté, c’est que c’est aussi le seul. Car si rien ici n’est racoleur, bas ou putassier, on ne peut s’empêcher de voir certaines ficelles.
Par exemple, j’ai eu l’impression que Barricade est une course de disque, un agencement étrange d’éléments hétéroclites. Et si presque tous les morceaux ont leur moment de bravoure, très peu ne comportent pas d’instants moins forts, de flottement. L’emphase du refrain d’un Memory Serves peut marcher. Les chœurs et autres voix secondaires, heu… non. C’est d’ailleurs symptomatique de constater que le final The Undoing semble chercher la sortie plutôt qu’exploser en apothéose. Alors ils cherchent des idées du côté de la répétition, en jouant de la répétition d’une guitare lancinante (Safe Without) ou d’un piano pour Try It On.
J’ai l’impression d’hurler avec les loups mais pour le coup, les loups me semblent pertinents. Parce que les loups ont trouvé cet album bancal. Les loups qui aimaient bien Intrerpol sont déçus et ceux qui n’en attendaient rien retourneront tranquillement à leur meute sans être convaincus. Interpol est encore là, contrairement à beaucoup qui n’ont pas eu l’honneur du devant de la scène (The Departure, les excellents ILove You But I’ve chosen Darkness) ou sont pris de synthétite aigüe (Editors), et cette présence fait d’eux des survivants. Mais quel intérêt y a-t-il a être les meilleurs d’un genre qui a disparu ?
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