mardi 7 septembre 2010, par
Maître ès dialectes
Le dubstep fait peau neuve, et des formes mutantes d’une belle variété sont en train d’enrichir le genre pour mieux séduire les fans de rock qui n’en connaissent que la part émergée. Partis de Burial sur les bons conseils de quelques oreilles exigeantes, ils se délecteront tout autant des blips poisseux de Mount Kimbie, jaugeront le potentiel putassier de Rusko ou apprécieront la largeur de la palette de Skream.
Né Oliver Jones, le DJ est sorti de son garage du South London avec un second album appelé à régner. Flirtant avec à peu près tout ce que la musique électronique compte d’efficace sans jamais s’égarer dans les limbes du kitsch, pareil au linguiste qui maîtriserait tous les dialectes sous-jacents à la koinè véhiculaire, Skream se montre à l’aise dans chacun des sous-genres qu’il explore, entre ambient en lévitation (Perferated, A Song For Lenny) et house perfide (Where You Should Be), entre minimalisme berlinois (Fields of Emotion) et eurodance concassée à l’ibizéenne (I Love the Way).
Dès que l’ennui guette, on contourne le problème avec l’invité vocal ad hoc : rappeur bionique sur 8 Bit Baby, comme un Sugarhill Gang vintage coincé dans Super Mario, ou petit chaperon rouge pixelisé sur l’excellente How Real, qui ressemble à la complainte d’une voix de GPS en mal d’affection. Cerise sur le gâteau, La Roux rend la pareille à celui dont le remix a popularisé plus encore son In For the Kill : le featuring du duo sur Finally est un de ces grands morceaux inquiétants comme pouvait en produire la part sombre de la pop eighties.
Au final, après une Epic Last Song qui préfère nous laisser dans un tourbillon drum’n’bass, on se dit que Skream n’a plus beaucoup de comptes à rendre au dubstep qui l’a / qu’il a révélé au grand public. Futur talent majeur de la scène électro britannique, le bonhomme nous livre un de ces petits sans-faute qui, sans forcément se retrouver en tête des tops de fin d’année, font du bien par où ils passent. Et comme le propos est définitivement polyglotte, on espère le voir prospérer dans des langues aux grammaires plus complexes que le patois bourrin de son projet collectif Magnetic Man.
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