mardi 2 novembre 2010, par
Exigence nouvelle
S’il y a bien un artiste dont on n’attend pas d’évolution radicale, c’est bien Antony. Avec une voix et une personnalité tellement reconnaissable qu’elles lui ont ouvert des collaborations très larges avec des artistes exigeants (Current 93) comme des producteurs qui ont eu l’idée géniale de poser sa voix sur une des tueries des dernières années (Blind d’Hercules And Love Affair). C’est avec sérénité qu’on se penche donc sur ce quatrième album, accompagné pour l’occasion d’un copieux bouquin (144 pages) illustré par Antony lui-même. N’ayant pas eu l’opportunité de jeter un œil sur cette imposante annexe, on va parler musique.
Scander avec lui « Everything is new » sur le premier morceau relève quand même du vœu pieux parce qu’il ne s’éloigne pas tant que ça de sa zone de confort, il définit simplement un ordre de priorités différent. On pense à cet étrange album de Volcano Choir qui m’avait suscité un ennui poli. Après un formidable album en tant que Bon Iver, Justin Vernon se concentrait uniquement sur ce qui était auparavant des plages de transition, les étalant plus qu’il n’était nécessaire. Ce qui donnait une respiration et une personnalité à For Emma, Forever Ago entre deux morceaux plus ‘figuratifs’ presque toujours magnifiques devenait la substance même d’un album qui a partagé son auditorat entre admiration et scepticisme. Un peu comme les interludes de Deerhunter ont donné Atlas Sounds. L’évolution n’est pas aussi radicale ici, et contrairement aux deux exemples, il ne s’agit pas d’escapades mais d’une évolution de sa formation de base. Mais ce qui pouvait sembler comme une agréable digression se voit considéré comme un morceau à part entière.
I’m In Love est quand même plus rude à avaler pour celui qui s’attend à des balades. On dirait quand même que cette façon est une voie de garage. La répétition, c’est envoutant ou ça irrite. Et ici je ne suis pas envouté. Thank You For Your Love m’a aussi semblé tourner un peu en rond. Evidemment, il ne faut pas attendre de parties hyper mélodiques d’une collaboration avec Björk sur Fletta. Après la présence d’Antony sur Volta, cette réciproque est donc logique, surtout dans le contexte d’un album plus aventureux.
On retrouve peut-être une attitude moins systématiquement noire, voire même poindre l’espoir au détour d’un The Great White Ocean plus conforme à ses habitudes. Sans doute est-ce ce que je préfère puisque j’ai craqué pour The Spirit Was Gone, une des plus flagrantes réussites de ce Swanlights. Moins classique peut-être mais tout aussi réussi est le piano entêtant de Ghost.
Le fonds de commerce d’Antony, c’était plutôt la balade à faire pleurer les pierres gelées. Et on savait presque d’avance ce qu’on allait y trouver. Certains seront donc surpris par le virage opéré ici, même si l’exigence nouvelle ne se traduira que par un temps d’adaptation plus long. Qu’on se rassure, à part quelques passages qui m’ont moins séduit, il reste manifeste que ce garçon est touché par la grâce.
La critique de Benjamin sur playlistsociety
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