mercredi 3 novembre 2010, par

Joyeux cafard
Jusqu’il y a peu, j’avais le sentiment que 2010 s’était montré avare de spécialités du terroir. Le rock belge ne semblait pas avoir beaucoup d’émissaires à disperser sur la scène internationale et quand bien même, la modestie complexée qui entérine notre culture engendre cette perpétuelle retenue, l’impression que nos artistes ne sont pas à la hauteur. Aussi, à rebours d’un chauvinisme qui nous siérait mal, on a parfois tendance à sous-évaluer le potentiel de nos compatriotes. Force est pourtant de constater que cette année nous aura réservé quelques agréables surprises, en particulier ces derniers temps où nous parviennent diverses exhalaisons typiques : disques irréprochables mais sans additifs addictifs, productions naturelles garanties sans OGM. De l’artisanat, au fond.
Si j’envisagerai éventuellement plus tard de vous entretenir du retour d’An Pierlé, à qui on pense souvent ici, les anti-héros du jour s’appellent Blackie & the Oohoos. Un groupe dont tous les membres sont blancs et où les « oohoos » ne sont sans doute pas des cris de joie simpsoniens, mais bien les plaintes lugubres d’une paire de fantômes nostalgiques. Sur des titres en deux temps comme Loveboy ou Over Again, on les entend frotter leurs chaînes l’une contre l’autre, mais chaque fois la vie reprend ses droits et l’ambiance n’est jamais foncièrement morose : comme la diva nocturne qui joue sa sérénade dépressive dans un piano-bar et dont le visage s’illumine au moment où le détective fait son entrée.
Parce que les sœurs Loesje et Martha Maieu, flamandes francophiles (superbe plage cachée dans la langue d’Elio Di Rupo), sont des filles plutôt joviales dans la vie. Mais leur musique est indéniablement nyctalope, emprunte autant au hululement de l’effraie (Devil Child) qu’au hurlement du loup (Alone Again), bref tout ce qui fait « oohoo » avec la lune en point de mire. Dans son élégance soyeuse, la... fratrie – puisqu’aucun terme n’existe dans notre sexiste langue pour laisser le féminin l’emporter – évoque à tour de rôle le charme un peu lisse d’autres crooneuses du plat pays telles que Laïs ou Vaya Con Dios (You). Non, ne partez pas ! Au final, les roses noires de Blackie possèdent suffisamment de suc et d’épines pour toucher davantage aux fragrances acidulées d’Elysian Fields et Shivaree (Nemo).
Le caractère dominant, sur ce premier album maîtrisé, reste cependant associé aux nappes gentiment inquiétantes qui irradient l’introduction de Lovebirds, cette forme poétique de hantise adoucie au métallophone, ce jeu d’enfant à se faire peur pour rire. Plutôt que de chercher à s’engoncer dans une obscurité de façade, un spleen sans crédibilité, Blackie & the Oohoos nous invitent à une danse macabre régulièrement badine : c’est l’étrange tango de Mr Jack, une balade délicieuse au pays dont les revenants ne reviennent qu’en farandole. On ne sait où nos Anversoises sont allées attraper ce joyeux cafard mais, de toute évidence, il est franchement contagieux.
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