jeudi 20 janvier 2011, par
Réconciliation (I)
Le temps modifie la perception d’un album et des éléments nouveaux nous font réviser des avis. C’est ce qui s’est passé pour moi avec The Crane Wife des Decemberists. Son successeurThe Hazards Of Love insistait tellement sur certains des aspects progressifs pompiers que ce qui ne m’était apparu comme flagrant avait été révélé par cette nouvelle vision. Mais ça n’a pas suffi à refroidir mon enthousiasme, et j’ai attendu leur dernière livraison avec curiosité.
Le retour prend d’emblée une forme country avec Don’t Carry It All. Ce simple terme aura déjà fait fuir les caractères les moins trempés. Qui auraient pu rester pourtant, parce que cette composante très ricaine n’est pas la dominante de cet album qui marque un virage vers un format qui se concentre sur les chansons. Alors, oui, pour tout ceux qui estiment que Springsteen n’est pas un gros mot, il y a du plaisir à prendre avec Down By The Water qui montre que les Decemberists ne manquent pas de souffle, mais on ne perdra jamais de vue qu’on n’est pas à l’abri de vrais morceaux de steel guitar sur Dear Aver ou Rise To Me ou d’un emploi très classique de l’harmonica, comme dans les Bob Dylan des années ’60. C’est un marqueur culturel indéniable, et si ça nous déroute parfois, il ne faut pas oublier de quel terreau provient la musique folk qu’on a tendance à polliniser à l’envi ces derniers temps. Paradoxalement, le titre de l’album se veut un écho au Queen Is Dead des Smiths, dont Colin Melloy a toujours clamé l’admiration, lui qui semble ici tellement éloigné de Manchester.
Quand on a ôté les aspects plus progressifs aux Decemberists, il reste au final un folk-rock fatalement plus convenu. Mais, fort heureusement, leur amour de la chanson bien faite est là pour réjouir ceux qui comme moi sont restés sur le pas de la porte de leur précédente allégorie. Ils sont en effet capables d’un songwriting d’une limpidité rare qui éclate au grand jour sur June Hymn ou January Hymn. De plus, ils arrivent à sortir d’un carcan americana balisé pour prendre encore plus d’ampleur sur le très réussi This Is Why We Fight. Et la la simplicité pop qui avait occasionnellement ravi sur The Crane Wife revient sur Calamity Song. On s’étonnera donc moins de la présence sur cet album de Peter Buck, guitariste de REM.
Une fois le cadre américain admis, leur côté « passe-moi mon lasso, je rassemble le troupeau », il y a pas mal de choses à aimer sur cet album des Decemberists. Quand ils ne s’égarent pas dans des fresques un peu grandiloquentes, ils peuvent dans un format plus compact montrer qu’ils sont sans doute un des talents les plus manifestes de l’époque, ce qui est palpable sur certains morceaux présents ici.
Il n’y a maintenant plus qu’à lire l’article de Benjamin sur Playlistsociety
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)
Au départ de ce cinquième album de Bon Iver (ça se prononce à la française, on le rappelle) était l’EP SABLE qu’on retrouve en intégralité à l’entame de ce Sable, Fable. Tant mieux tant Things Behind Things behind Things avait plu. Sans revenir à la simplicité folk de For Emma, Forever Ago, il est assez limpide et immédiatement attachant. La guitare acoustique est bien de sortie sur S P E Y S (…)
Il y a des albums qu’on détaille, dont on analyse chaque parcelle. Et puis il y a ceux qui se conçoivent dans leur globalité tant leur style est transparent. Ce huitième album de Stranded Horse appartient à ces derniers tant il est cohérent de la première à la dernière note de kora.
Si le style vous est familier, sachez que rien ne change vraiment ici, et c’est tant mieux tant cet univers (…)
Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)