vendredi 12 novembre 2010, par
Déboussolé
« Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé porte le soleil noir de la mélancolie. » Cet astre trépassé brille pourtant de mille feux glacés, attisés dans un septentrion sordide. Ces trajets vers le nord, déprimantes excursions imposées loin de la ferveur londonienne, ont délayé les survoltages 2-step dans un abîme de grisaille. Le rayonnement des premiers exploits, des premiers émois au format 12 pouces, s’est terni comme un cœur ralentit ses battements. Dear Heartbeat, tu vibres à présent au gré d’un piano déboussolé. Mais tu te repères au firmament et, aucun doute, c’est toujours le nord qui t’appelle.
Tandis qu’on marche aux côtés d’Angelo Badalamenti, vague sherpa pour soutenir nos pas tremblotants, des échos s’échappent des crevasses et ils ont la candeur de Robert Wyatt (In the Wings). Pourquoi chercher à noyer l’innocence sous quelque torrent de connecteurs illogiques ? Two Chords, ça fera l’affaire. Aucun déchirement palpable dans ce spleen sans fin, on n’est pas là pour déchiqueter à la va-vite ; mais on sectionne, méthodiquement, on sélectionne périodiquement. On hache avec la précision impitoyable du pistolet-mitrailleur de Portishead (North), pour laisser derrière soi des corps engourdis. Plus qu’un Burial pour les enterrer dignement.
When It’s Gone, le deuil ne dispense pas de se souvenir. « Tu me rappelles l’or », celui d’un âge parfait où les amours étaient synthétiques (Aidy’s Girl Is a Computer). Le chagrin aussi. La désillusion semblait factice alors, mais maudits soient ces lochs désolés qui sont comme des odes à notre finitude (Deadness). Le dubstep, ce mort-vivant en perpétuelle résurrection, a suivi l’étoile du nord comme un roi mage en quête d’une nouvelle profondeur. Où la trouver sinon dans les enfers, de doux enfers où aucune âme n’a envie de mugir ? Et sa musique d’accompagner ce pèlerinage vaporeux, « modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée les soupirs de la sainte et les cris de la fée ».
Article Ecrit parPlaquer du piano sur un album électro semble une idée improbable. Mais repousser les limites de l’improbable semble une mission de tous les jours pour Chilly Gonzales. Il a ici jeté son dévolu sur un classique electro de Plastikman (un des prête-noms du génial Richie Hawtin) sorti en 1998 sous la houlette d’un troisième comparse canadien, Tiga.
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