jeudi 27 janvier 2011, par
Démolition
Pourquoi tant de haine et tant d’injustices ? Pourquoi sont-ce souvent les meilleurs qui s’égarent les premiers ? Sur foi d’un incipit à l’urgence implacable, aux refrains tordus, au blues tenace, les Cold War Kids avaient tout pour devenir un grand groupe, à commencer par de grandes chansons. Sur “Robbers & Cowards”, toutes possédaient ce mojo indescriptible : le supplément d’âme – et l’on dit l’âme éternelle. Au cours d’un rite vaudou, ce groupe s’était acheté une immortalité que seule la déchéance artistique aurait pu entacher. L’ingrédient secret : la voix de Nathan Willett, si essentielle à cette promesse de vie qu’il chantait effectivement comme si la sienne en dépendait.
Pourtant le groupe osait regarder sa mort en face sur la pochette de “Loyalty to Loyalty”, deuxième album garant d’une fidélité irréprochable aux principes de la hargne et de l’intransigeance. Seulement les chansons n’étaient pas que moins évidentes, elles étaient surtout moins bonnes. L’EP “Behave Yourself” tentait entre-temps le compromis bancal et ménageait des espoirs de plus en plus flous cependant que l’honneur, lui, restait intact coûte que coûte. Alors forcément, parce qu’on n’imaginait pas les Cold War Kids capables de décevoir à ce point, les plus mauvais moments de “Mine Is Yours” sont durs à encaisser. Et à vouloir trouver à tout prix des points de comparaison, on se dit que peut-être, certains fans de la première heure des Kings of Leon sont déjà passés par là.
Certes, il n’est pas inutile de relativiser l’échec, froidement considérer le fait que dans le cas des Californiens, la sévérité du châtiment est à la hauteur de l’amour. Mais quand, après deux pochettes sombres, les Cold War Kids sont passés au blanc bariolé, on n’a pas pour autant soupçonné la déclaration d’intention. D’autant moins que comme entrée en matière, la plage titulaire constitue un moment plutôt réjouissant, quand bien même elle confirme la perte de puissance d’un groupe qui ne semble plus trouver aucune raison valable de s’énerver. Louder Than Ever, single peu avenant, ne délivre pas davantage d’énergie en dépit de ce que son titre annonce éhontément. Rien de criminel jusque-là, mais il apparaît de plus en plus clairement que ces Kids ont viré adultes modérés.
On ne peut pas toujours accueillir la maturité et la maîtrise de soi comme des gages de réussite sociale, encore moins musicale. Lorsque la bande à Willett reprend ses vieilles recettes en version tamisée (Royal Blue, Cold Toes on the Cold Floor), tout au plus déplore-t-on une production un peu laxiste. En revanche, si l’idée leur prend de faire dans le Jack Peñate frelaté (Finally Begin) ou le Starsailor sans pince-nez (Skip the Charades), la méfiance devient proverbiale. On aurait ainsi pu se demander ce que les Cold War Kids ont bien pu écouter en 2010, et espérer en toute légitimité que leurs oreilles se seraient frottées à la fureur de Grinderman, à la profondeur des Black Keys. En bout de course, on les soupçonnerait plutôt d’avoir plongé dans la discographie de Thirty Seconds to Mars (Flying Upside Down).
En amont, le groupe avait déjà semé la pagaille sur son chantier : en deux temps, le poussif Bulldozer démolit tout ce que le groupe avait construit. La première moitié voit débouler un refrain de stade auquel on aurait presque voulu adhérer, mais le morceau a ensuite recours à des ficelles puisées dans ‘L’emo rock pour les nuls’, une montée en puissance tellement affectée que même Muse n’en voudrait pas. Quant à Broken Open, il adresse plus qu’un simple clin d’œil au U2 en quête de ses racines américaines, là où Out of the Wilderness parvient à un résultat autrement moins cliché. Recentrée sur son sujet, la formation est encore capable de vraies fulgurances, comme ce Sensitive Kid au beat crasseux et mécanique, mais pourvu de belles boutures de groove.
Alors, pourquoi tant de haine et tant d’injustices ? Comment les Cold War Kids, dans leurs accès de lucidité mélodique, n’ont-ils pu se rendre compte qu’ils se fourvoyaient le reste du temps dans de si grossières fautes de goût ? Bien sûr, la mauvaise foi est une des composantes les plus primordiales de la critique péremptoire, de quelque côté qu’elle penche. Et si l’on voulait se montrer plus conciliant, il faudrait bien reconnaître que “Mine Is Yours” est un album honnête ; le problème, c’est que son caractère anecdotique, voire franchement trivial par endroits, n’est en rien compatible avec la classe supérieure dans laquelle le groupe s’était jusqu’ici illustré. Déçu comme un gamin en panne de héros, on sait en tout cas qu’on retrouvera bientôt ces kids-là sur scène ; là où, supplément d’âme oblige, ils ne nous trahiront jamais.
Le substrat musical sur lequel a poussé ce cinquième album de They Call Me Rico, projet de Frédéric Pellerin du groupe Madcaps, c’est l’americana et le blues. Et on le sent, souvent. Certains morceaux en sont encore baignés (This Old Dog, Don’t Let You Go Down). Wheel of Love est plus proche de ce canon rock et dans l’ensemble, c’est un fort plaisant rappel de la base de tout ceci.
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