dimanche 6 février 2011, par
Seule contre les loups
Générique. Joan Wasser, frêle bout de femme au regard d’acier, s’effondre en apprenant la disparition de son bel ange – noyé dans une rivière du Mississippi, une rivière au nom de loup dont aucune louve ne viendra le secourir. Convaincue qu’il n’est pas de justice en ce bas monde, Joan sait désormais qu’elle combattra les loups par tous les moyens et finit au violon – un de ses cellmates s’appelle alors Lou, à croire que ça la poursuit. Après des années d’errance, Joan rejoint les forces de l’ordre. En version policière, suave mais pas policée, elle se confronte à la réalité de la vie avec pour mission d’y survivre.
Clap. Action. On retrouve la femme-flic en tenue de prêtresse baba cool, façon Bat for Lashes à l’aisselle touffue, mais ce qu’elle tient sur les bras en dit long : juste une couverture. En planque dans les milieux interlopes, Joan feint de danser autour du feu mais dévoile rapidement cette dureté nouvelle, cette intransigeance de la justicière de choc. Légitimement Nervous avec pour seule arme son riff blanc, elle retrouve pourtant tout aussi vite son phrasé caressant, « looking for the magic » sans interrogatoire musclé. Action Man peut-être, mais 100 % coton.
Fondu au noir. Patrouille de nuit. L’agent Wasser a sorti le Flash pour huit minutes de suspense irrésolu. Obligée de goûter la poudre pour coincer le gang des magiciens, elle a gardé quelques résidus de blanche entre les incisives et sa soirée a des allures de bad trip. Au volant, son vieux partenaire Joseph Arthur tangue entre bas-fonds (Human Condition) et beaux quartiers (Run for Love), comme entre les deux extrémités du spectre. Joan ouvre la fenêtre et hume l’air moite tandis qu’elle recouvre ses esprits. Tu montes boire un verre ? Tu sais, je n’embrasse plus, mais Kiss the Specifics quand même.
Elle est sexy quand elle se met à l’aise, tendrement électrique quand elle se laisse bercer par un vinyle de Marvin Gaye (Chemmie). Peut-être que le brandy lui monte à la tête, mais c’est plus fort qu’elle. « It’s elemental, a force of nature. » Joan s’écroule, se relève. S’écroule encore, vomit dans l’évier. Comme chaque soir quand elle est seule et qu’elle a remisé l’uniforme, elle fond en larmes (Forever and a Year). Tentée par la confidence, elle déballe tout : son adoption, ses deuils, sa reconversion dans la volaille parce qu’elle ne voulait plus être une dinde.
Réveil difficile. Gueule de bois. Joan a couru toute la nuit pour écouter les voix dans sa tête, et se retrouver à nouveau seule aux aurores. Elle enfile son bleu de travail, enfonce son képi tout en fixant le ciel vert-de-gris depuis la lucarne de son minable appartement new-yorkais. « Everyone wants to be remembered, but who believes they’re worth it ? Who believes they have the right to stand up and be heard ? » Générique de fin. À contre-courant des flux injustes qui s’obstinent à noyer la beauté, Joan arpente fièrement le champ sans fond de l’existence, plus décidée que jamais à rendre son monde un peu meilleur.
On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange de tortueux (...)
La technique ne vaut que par ce qu’on en fait. Ce lieu commun prend tout son sens avec l’Allemande installée à New-York Charlotte Greve. Sa formation jazz est évidemment immédiatement identifiable mais la matière proposée ici en dévie sensiblement, ou plus précisément la pervertit avec une mine gourmande.
Il faut dire que la matière première de cet album, ce sont les voix du chœur berlinois Cantus (...)
S’il est plaisant de découvrir un artistes à ses débuts, de tracer son évolution, il peut aussi se révéler valorisant de le prendre en cours de route, avec une belle progression. On ne décèle pas tout de suite le potentiel de la chose mais il apparait bien vite que le potentiel du compositeur norvégien est indéniable.
Arpy commence de façon un peu douce, mélodique, simple. Mais imperceptiblement, (...)
On a été en contact avec plusieurs albums piano solo récemment, ceci est purement fortuit, et complètement indépendant du concours Reine Elisabeth. Ce qui étonne en fait, c’est la grande variété des moyens et des résultats. Avec ce trio articulé autour de la pianiste Madeleine Cazenave flanquée de la basse de Sylvain Didou et de la batterie de Boris Louvet, on se rappelle que le piano est un instrument à (...)