samedi 29 janvier 2011, par
Bien huilé
« I try hard not to repeat myself but I’m drawing circles in my mind. » Voilà peut-être comment, sur Circles & Carousels, Greg Barkley cherche à se justifier d’écrire indéfiniment la même chanson. Mais que cette chanson est bien écrite ! Teintée à la fois d’un tendre vague à l’âme et d’une fraîche énergie juvénile, cette plume-là doit autant à l’évidence claudicante de Clap Your Hands Say Yeah qu’au peps mélancolique d’un Ben Folds. Du coup, le groupe sonne comme maints autres héritiers de cette indie-pop gentiment geek, parmi pléthore de noms aussi méconnus tels que Winter Gloves, Harlem Shakes, et à vous de compléter à l’envi.
J’avais sagement pris mes distances avec cette frange d’universitaires nasillards qui pratiquent leur rock comme on s’investit dans un kot à projet, constatant sans révisionnisme déplacé qu’ils ne constitueraient jamais qu’un détail de l’histoire du genre. Cependant, au détour de l’un ou l’autre excellent album (celui des Suckers par exemple), j’apprenais à me réconcilier avec mes vieux amis. D’autant qu’Oh No Oh My avaient laissé derrière eux le souvenir d’un premier album pétillant et d’un de ces morceaux parfaits pour animer les fins de barbecues arrosés (The Party Punch, tout un programme).
C’est donc avec un certain plaisir qu’on retrouve le quartette de Nashville avec des prétentions plus affirmées et une poignée de bonnes chansons pour les soutenir. Presque à tous les coups, on retrouve leur formule miracle : introduction acoustique, présentation de la rythmique et de discrètes programmations, des couplets souvent assez contagieux pour pouvoir se passer d’un vrai refrain, et une chute savamment amenée pour rehausser le tout. De manière heureuse, plusieurs morceaux parviennent néanmoins à se distinguer en proposant de légères variations à ce qui constitue, du reste, une mécanique bien huilée.
C’est ainsi que Walking Into Me tient la route avec un son de synthé plus ringard que les mœurs devraient l’autoriser ; que Brains a des accents de générique de série signé Mike Post ; que quelques arrangements soignés font résonner ici une trompette (Again and Again), là un mélodica (Not the One) ou encore, à diverses reprises, un quatuor à cordes (I Don’t Know, entre autres). Ailleurs, Oh No Oh My se plaît régulièrement à surfer sur la vague du revivalisme seventies tel que l’ont envisagé les New Pornographers (You Were Right, No Time for Talk), sans jamais négliger de miser gros sur le gimmick imparable, la mélodie instantanée à fredonner sous la douche.
On apprécie surtout quand, plus finauds, les Texans s’essayent à une certaine élégance anglaise très fin de siècle (Dodgy, quelqu’un ?), que ce soit en moins de deux minutes (So I Took You) ou, mieux encore, en prenant leur temps (Should Not Have Come to This). C’est pourtant sur la longueur que Summerdays s’avère être le maillon faible de l’ensemble, ce qui, pour un titre de clôture, n’est jamais très enviable. Mince accroc ; en repensant encore il y a peu aux différents classements de fin d’année livrés dans les commentaires par nos visiteurs réguliers, il m’est apparu assez clairement que ce deuxième album d’Oh No Oh My devrait les séduire à plus d’un titre. Une fois descendus du carrousel, vous me direz quoi.
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