mercredi 2 mars 2011, par
Union
Sans qu’on sache trop pourquoi, il y a des évènements qui restent en mémoire sans être intrinsèquement bouleversants. Ainsi, je pourrais dire dans quelles circonstances j’ai découvert The Rural Alberta Advantage. Ce ne sont pas les circonstances en question qui sont importantes (un voyage en train vers un endroit où on a rallongé la Belgique avec des planches), mais la sensation que j’ai eu alors d’écouter un groupe qui venait vraiment de nulle part et qui trouvait sa place immédiatement dans mon intérieur (joliment décoré). Le premier album, surtout avant sa ressortie chez Saddle Creek en 2009, c’était une trace personnelle dans la poudreuse, l’ivresse des terres vierges, ce genre de petit groupe qu’on tente de refiler à tout prix à son entourage (je suis comme ça, désolé pour l’entourage).
Vous aurez aisément compris que je comptais sur ces retrouvailles et je peux dire qu’elles se sont bien déroulées, parce que la liste de ce qui nous avait plu est encore là. On retrouve ainsi cette batterie épileptique qui faisait leur charme, avec des roulements encore plus hystériques sur Stamp. Je sais que c’est un des procédés susceptibles de me séduire, et c’est en connaissance de cause que je me laisse aller.
Ralentis et arrangés de façon plus douce et orchestrale, on aurait une twee-pop que leur sens de la mélodie rendrait bonne. Autant le dire tout de suite, j’espère qu’ils n’évolueront pas dans cette voie, leur mélangé étant unique en l’état, et c’est pour ça qu’on les écoute, qu’on apprécie leur mélange unique. Et puis je ne pense pas qu’on puisse mieux employer cette voix éraillée et nasillarde mais qui tient son rang à chaque fois, plus placide que vraiment énervée, et qui arrive à ménager sur presque chaque morceau un retour au calme pour donner du relief au reste.
Moins flashy que le premier, cet album a la tonalité plus grise ne les rends pas incolores pour autant. Ils n’ont pas cédé à la mode des synthétiseurs et leurs petites touches de piano restent pertinentes. Et puis les groupes qui ne trouvent pas de condition dirimante à l’union de l’énergie et de la mélancolie sont forcément familiers. Par exemple, The Breakup est une brillante illustration de leur nouvelle orientation, arrivant à transmettre un enthousiasme communicatif et un désespoir tenace en une seule prise.
Même s’il y a comme sur le précédent album un ventre mou et qu’ils sonnent parfois comme une démo (Good Night), ils arrivent à en sortir par le haut, avec le plus posé mais plus puissant mal nommé Muscle Relaxants)
Ce qui nous faut de temps en temps, c’est un groupe qui nous fournit nos pastilles d’énergie dont on a besoin. Ces sympathiques canadiens nous les servent enrobées d’une mélancolie enlevée et n’ont pas de posologie qui en limite la consommation. Ils ont donc confirmé après leur premier album qu’ils restaient une des formations les plus attachantes qui soient. Il ne leur reste plus qu’une chose à faire pour entériner cette seconde réussite : pointer le bout de leur nez de ce côté-ci de l’Atlantique.
http://www.theraa.com/
L’avis du Mmarsupilami
Kate Nash, Menomena, The Decemberists et maintenant Islands avant bientôt Bright Eyes, il faut se pincer pour ne pas se sentir quinze and en arrière. Mais bon, comme ce sont de bons souvenirs et que tout le monde est dans une forme créative manifeste, on ne va pas bouder son plaisir.
Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (...)
Les carrières de Spencer Krug et Dan Boeckner n’en finissent plus de se croiser. Ainsi, après Wolf Parade (leur groupe commun), Handsome Furs, Divine Fits et Operators, le voici qui utilise également son nom pour la suite de sa carrière (solo). On a beau retrouver un univers musical très familier, ceci n’est pas exactement identique à ce qu’on lui connait déjà.
Il faut dire aussi que si Moonface (...)
En caricaturant, on avait défini le style de Rural Alberta Advantage avec une voix éraillée et une batterie fièrement en avant. Et on a tout ça ici, d’emblée. On se retrouve d’autant plus en terrain connu que les 6 premiers morceaux sont ceux de The Rise EP paru l’an passé. Ce qu’on en a dit tient toujours bien évidemment.
Mais il y a encore quelques morceaux saignants comme Plague Dogs. C’est (...)
Les choses sont sans doute un peu plus simples depuis que Spencer Krug officie sous son nom propre mais ce n’est pas ça qui a ralenti sa légendaire productivité. Pour jeter un peu de confusion tout de même, il reprend la route avec Sunset Rubdown...
La transition de Moonface à Spencer Krug s’est faite en même temps que son apparition sur Patreon. En gros, c’était le versant plus personnel, distillé (...)
La veille musicale est un engagement à temps plein. Une fois qu’on a aimé un.e artiste, il semble logique de suivre sa carrière. Pourtant il y a trop souvent des discontinuités. Mais il y a aussi des possibilités de se rattraper. La présence de Vincent Dupas au sein de Binidu dont l’intrigant album nous avait enchantés en était une. On apprend donc qu’il y avait eu un album en mars et l’occasion était (...)
Il y a quelque chose de frappant à voir des formations planter de très bons albums des décennies après leur pic de popularité. Six ans après I’ll Be Your Girl, celui-ci n’élude aucune des composantes de The Decemberists alors que par le passé ils semblaient privilégier une de leurs inclinations par album.
On commence par un côté pop immédiat au très haut contenu mélodique. On a ça sur le limpide Burial (...)
Les chanteurs français folk-rock qui s’expriment en anglais sont légion et nous ont déjà valu quelques bons moments. On ajoutera donc le Breton Louis Durdek à une prestigieuse lignée qui comprend aussi des artistes comme The Wooden Wolf, JJH Potter ou Gabriiel.
Il est très compliqué de se singulariser stylistiquement sauf à quitter le genre, c’est donc la solidité des compositions et de (...)
On en a connu, des noms d’animaux. Etrange à dire sans doute, mais le nom derrière lequel se cache Geoffroy Pacot correspond plutôt à la musique, fondamentalement champêtre mais dénuée de pittoresque.
Traduire un paysage en musique est sans doute une des entreprises les plus compliquées qui soient mais ce genre de post-rock bucolique y arrive, avec ce qu’il faut de field recordings et d’arpèges (...)