Accueil > Critiques > 2011

Lykke Li - Wounded Rhymes

vendredi 1er avril 2011, par marc

La fin de la récré


A l’époque de la critique du premier album, Lykke Li arrivait comme un vent frais de fin d’année, comme Kate Nash un an avant. Il n’est pas inutile de le rappeler puisque les chemins d’évolution des deux jeunes femmes sont presqu’opposés. Alors que l’Anglaise a préféré ne pas choisir et explorer presque autant de pistes sur son second album, la Suédoise s’est concentrée sur certains points, tout en montrant que sa vie aussi a probablement changé. Elle n’est plus la petite fille qui entre à la grande école, elle est la chef de bande, celle qui a son style et qui décide de la grâce et de l’opprobre.

Ce qui ne change pas par contre, c’est cette voix particulière, un peu boudeuse et très personnelle, qu’elle démultiplie volontiers. Il est toujours aussi difficile de décrire ce genre de particularité, parce qu’elle dépend fortement du ressenti. Donc cet album est immédiat, plus construit, avec quelques perles mais si on reconnait le style en un quart de seconde, il faut plus de temps pour faire le tour

De plus, il saute aux oreilles que les côtés sombres (et pas désagréables) sont plus présentes sur Love Out Of Lust. Sa voix mutine y apporte un heureux contrepoint. Exit donc le timbre aigu et mutin de Dance Dance Dance, les thématiques mignonnes de Little Bit, Lykke a grandi et tient à le faire savoir, ce qu’on découvre au détour de certaines paroles (I’m Your prostitute, you’re gonna get some sur Get Some). Et il n’est pas anodin de constater que les titres d’albums sont dans la même mouvance, Wounded Rhymes succédant à Youth Novels.

Sadeness avec son thème pourrait sortir de la bouche de sa compatriote Sarah Assbring (El Perro Del Mar). Unrequited Love avec ses shoo-wap désespérés est aussi dans cette mouvance de spleen nordique. Qui peut aussi s’incarner dans un morceau plus solide et ample comme Rich kids Blues. Etrangement, la seconde partie d’I Know Places est un lent développement instrumental assez en décalage avec le morceau lui-même, comme si elle voulait nuancer la nudité de la première partie, où elle ose plus qu’auparavant se retrouver seule.

Le cap toujours difficile de la confirmation et de l’affirmation sont donc passés avec succès par Lykke Li. Elle y définit plus avant son univers, affirme sa personnalité, sans renier ce qui nous l’avait rendu sympathique, sa voix particulière. On peut lui faire confiance pour la suite

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

1 Message

  • Josefin Runsteen - HANA Three bodies (Original Soundtrack)

    Même si on n’est pas exactement un service public, un peu de gai savoir s’impose parfois. Le Butoh est une danse de performance minimaliste créée au Japon en 1959. La danseuse suédoise Frauke a donc demandé à sa compatriote Josefin Runsteen de créer une bande-son pour une performance et c’est ce qui constitue l’objet musical du jour.
    La lisière entre les musiques électronique et classique (…)

  • Annika and the Forest - Même la Nuit

    On l’avoue, un talent féminin éclectique et un peu électronique, c’est quelque chose qui nous plait. On peut penser à Bat For Lashes, Harrys Gym, Jeanne Added, Odd Beholder ou autres et on ajoutera donc la Suédoise Annika Grill et son troisième album.
    On est d’emblée mis à l’aise par un petit air de Metric dans leurs moments les plus gorgés de beats et de guitares combinées (Thinking (…)

  • Frida Hyvönen - Dream of Independance

    Ce n’est pas parce qu’une artiste nous a marqués fortement qu’elle ne peut pas échapper momentanément à notre radar. Ils faut dire que si certaines de ses productions plus récentes que son album d’il y a 9 ans ne se sont pas signalées, c’est aussi parce qu’elles étaient chantées en Suédois. Et puis la toute dernière fois qu’on l’avait aperçue, c’était aux côtés de First Aid Kit pour une soirée (…)

  • First Aid Kit - Ruins

    Elles en ont fait du chemin, les Suédoises de First Aid Kit. Il y a un peu plus de 8 ans, on les découvrait dans une petite Rotonde en ouverture de Megafaun et Port O’Brien et maintenant elles jouent à guichets fermés après une expatriation réussie aux Etats-Unis. La recette marche donc et les sœurs Klara et Johanna Söderberg n’ont visiblement pas l’intention de la changer. Deux voix à (…)