Accueil > Critiques > 2011

The Strokes - Angles

mardi 29 mars 2011, par marc

Concept vs pâquerettes


Dans la courte série des groupes instantanément classiques, il faudra comptee The Strokes. Sans doute que dans l’absolu, leurs deux premiers albums n’étaient pas des jalons de l’histoire de la musique mais ils étaient tellement imparables qu’ils ont réveillé bien des ardeurs. Ces ardeurs se sont un peu estompées, les survivants de cette vague étant quand même moins fringants.

Il s’est écoulé cinq ans depuis unFirst Impressions On Planet Earth qui m’avait occasionnellement séduit à l’époque et que j’ai peu réécouté depuis. Ils ont chacun fait leur petit album solo avec plus ou moins de retentissement, celui du chanteur Julian Casablancas ayant même recueilli pas mal d’échos favorables.

Pour les groupes de ce niveau (supposé)-là, il faut pour évoluer non seulement faire évoluer son style propre, mais donner une orientation nouvelle à la musique elle-même. Certains y sont arrivés, mais ils sont très rares ou s’appellent Radiohead. A cet égard, cet album est fort décevant, parce qu’il ne nous donne pas de voie à suivre, pas de perspective, ne nous fait pas rêver. Ca, c’est pour l’analyse conceptuelle, celle qui finalement reste très éloignée des éléments qui composent cet album. Mais au vu du troisième album, il était quand même hasardeux d’attendre une révélation.

A l’opposé, il y a la vision au ras des pâquerettes, plus terrienne, de celui qui va décider si ces morceaux valent la peine d’être écoutés, ou, plus fondamentalement, mériteront d’être écoutés de nouveau. Du plaisir d’écoute, du contenu sans la contingence du contenant. A ce point de vue, je serais plus nuancé, parce que dans la catégorie ‘rock-qui-fait-taper-du-pied-et-dont-on-ne-se-lasse-pas-après-trois-morceaux’, je dois avouer que je l’ai plutôt aimé, tout en sachant dès le début qu’il ne fallait pas chercher à être bouleversé. On ne retrouvera sans doute plus jamais leurs morceaux tellement concis et catchy. Mais on peut faire aisément notre deuil.

Parce que The Strokes est devenu une marque de fabrique, et même à l’aveugle on reconnaitra sans peine qui se cache derrière le petit chorus immédiatement identifiable d’Under Cover Of Darkness. Parmi les moments qui m’ont permis de retarder cette critique sans trouver le temps long, il y a la petite aura de mystère de You’re So Right ou les quelques touches de synthé sur Games. Ce qui n’est même pas nouveau en leur chef mais permet de passer sans forcer, avec un Casablancas qui s’époumone avec discernement dans une fin de morceau intense.

N’allez pas penser que je me suis pris une lampée de gaz euphorisant pour autant. Certains morceaux semblent effectués avec trop de décontraction, et l’intensité que les progressions d’accords promettaient n’arrive pas toujours (Metabolism). Mais c’est un album plaisant. Pour quelqu’un qui comme moi écoute du rock à guitares à chaque formation de gouvernement belge, c’est une petite sucrerie bienvenue. On est donc face à un album qui réjouit plus les oreilles que l’esprit. Ce qui est positif

On aimerait ne pas être fataliste, mais il est très difficile de donner suite à des premiers albums brillants en rock. Evidemment, il est facile d’être déçu par les Strokes et je dois dire que je pourrais être du nombre. Mais comme je n’écoute pas des masses de rock finalement, cet album qui accroche l’oreille sans donner l’impression d’être gonflé d’ambition déplacée mérite d’être écouté. Et oublié sans doute.

Allez, hop, je peux aller lire l’article et les commentaires de playlistsociety

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

5 Messages

  • The Strokes - Angles 29 mars 2011 18:51, par Benjamin F

    Commentaires qui ne sont pas tendre avec cet album... :)

    Enfin je te laisse lire :)

    repondre message

  • The Strokes - Angles 30 mars 2011 11:34, par Le Sto

    Voilà une chronique qui résume assez bien mon opinion, un album plaisant avec des titres plutôt bien foutus qui donnent envie de prendre cet album comme il est et d’apprécier le moment présent... tout en relativisant l’affaire et s’accordant sur le fait qu’Angles n’est pas le meilleur du groupe et n’apporte pas maintes nouveautés (et que "Gratisfaction" est probablement le pire étron des Strokes).
    Un juste milieu entre les sentiments du profane et l’analyse du chroniqueur...
    Bon, sinon c’est vrai que vous n’avez tjs pas de gouvernement... jusqu’au prochain Strokes ?

    repondre message

  • The Strokes - Angles 30 mars 2011 12:58, par Laurent

    C’est excessivement optimiste d’imaginer un prochain album des Strokes... un gouvernement en Belgique aussi, d’ailleurs. ^^

    Pour ma part je te trouve bien indulgent avec ce disque qui ne me fait pas plus d’effet qu’une course-poursuite dans un film de Michael Bay. En même temps, comme je viens de publier un article prenant vaguement la défense de Liam Gallagher, les gens vont pouvoir se défouler aussi. ;D

    repondre message

  • The Strokes - Angles 30 mars 2011 16:16, par allow

    Bien d’acord avec Marc et le Sto qui résument tout à fait ce que j’ai ressenti à l’écoute de cet album... maintenant à côté de 2, 3 autres que j’écoute pas mal aussi pour le moment (les dernières plaques de Rural Alberta Advantage, Kurt Vile, Wye Oak et surtout Low...), il fait bien pâle figure...
    Par contre le Liam, même pas envie d’écouter, il est vraiment trop c** ce mec.

    repondre message

    • The Strokes - Angles 30 mars 2011 18:14, par Marc

      @Benjamin,

      Les gens sont si exigeants, que veux-tu :-)

      @Le Sto

      Il y a quand même fort à parier que quand on fera la liste de ce qui nous a plu cette année, cet album passera à la trappe (avec une réflexion du genre : nooon, il y a eu un Strokes cette année ?). Pas de gouvernement en vue en Belgique, même si la collaboration pas très intime de cet album pourrait susciter une analogie facile.

      @Laurent

      Sans doute indulgent parce que je n’en attendais rien dix ans après leur sommet. Des Gallagher non plus d’ailleurs (mais je n’ai pas encore écouté)...

      @allow

      Pour moi, j’ai écouté quelques bons albums cette année, mais encore rien de vraiment renversant. Mais ce n’est que le début de l’année ? Non ?

      repondre message

  • They Call Me Rico - Wheel of Love

    Le substrat musical sur lequel a poussé ce cinquième album de They Call Me Rico, projet de Frédéric Pellerin du groupe Madcaps, c’est l’americana et le blues. Et on le sent, souvent. Certains morceaux en sont encore baignés (This Old Dog, Don’t Let You Go Down). Wheel of Love est plus proche de ce canon rock et dans l’ensemble, c’est un fort plaisant rappel de la base de tout ceci.
    Mais si (…)

  • Iggy Pop – Every Loser

    Le fun perçu est une des mesures les plus pertinentes pur évaluer un album d’Iggy Pop. Si on l’a croisé récemment aux côtés de Catherine Graindorge, il revient avec un Every Loser qui convoque logiquement une belle pelletée de connaissances du rock ‘n roll (Duff McKagan de Guns ‘n Roses, Stone Gossard de Pearl Jam, Dave Navaro et Eric Avery de Jane’s Addiction’s, Chad Smith des Red Hot Chili (…)

  • The Poison Arrows - War Regards

    Un lapsus peut vous propulser dans l’actualité. Un émail signé War Regards à la place du Warm Regards donne à cet album du groupe de Chicago un air de prémonition inévitable.
    Il est étrange de pénétrer l’univers d’un groupe à travers des remixes. Ceux-ci ayant plu, il semblait logique de reprendre le fil de leur discographie. On découvre en tout cas une musique dénuée de l’électronique des (…)

  • Foo fighters - Wasting Light

    Sortie du désert.
    Bien que n’ayant pas écouté un album entier des Foo Fighters depuis quelques années, je dois bien avouer avoir une certaine sympathie pour Dave Grohl. Ce mec est cool, point barre. De clips décalés en prestations explosives, en passant par des interviews dans lesquelles le côté relax du bonhomme transpire, Dave s’est construit un des plus gros capital sympathie du monde (…)