Accueil > Critiques > 2011

Timber Timbre - Creep On Creepin On

samedi 9 avril 2011, par marc

Trou normand


Evidemment, si cette publication prend un peu de retard ou si on me lit dans un peu de temps cette remarque pourra tomber à plat, mais il est toujours sympathique de trouver de la musique qui colle au contexte météorologique. A l’heure où je vous écris donc, le printemps, le vrai, pointe pour de bon. On a dressé la table dehors, retrouvé les chemises à manches courtes (mais pas encore remisé les pulls, on reste en Belgique) et on se dit qu’il faut de la musique pour rythmer ça. Mais pas question de faire semblant de supporter le reggae ou la salsa, on va piocher dans ce qu’on connait le mieux, à savoir les Canadiens obscurs et un peu sombres. Et s’ils viennent de l’écurie Arts And Crafts (Broken Social Scene, Metric, Stars, Feist, The Dears, Apostle Of Hustle, Hidden Cameras, comme ça je mets plein de liens…), c’est un gage de qualité supplémentaire.

Le ‘un peu’ est d’ailleurs aussi important que le sombre chez Timber Timbre. La voix de baryton du chanteur de Mika Posen, presque systématiquement relevée d’un écho qu’on pense sorti des albums seventies de John Lennon, est en tous cas une invitation à la langueur. Pour moi le souvenir qui m’est revenu le plus promptement est le Pulp première époque, celui d’avant His ‘n Hers (avant Island Records et la timbale donc). Ce sont donc des chansons de charme, voire croon léger. C’est ce qui déconcerte de prime abord, cette légèreté quand on est plus habitué à des groupes un peu plus plombants et viscéraux.

Quand un groupe chante All I need is some sunshine on peut dire que le moral est bon, ou du moins que l’espoir existe (Black Water). Il s’agit de douce mélancolie, et encore, ce n’est même pas le sentiment de spleen qui domine, mais l’envie de partager un moment de douceur et de calme, accompagné plus volontiers d’un cocktail que de cigüe

La bonne idée, c’est qu’en sus d’un genre très typé qui donne de bons morceaux (Lonesome Hunter, Black Water), occasionnellement plus enlevés (Too Old To Die Young), on retrouve d’autres éléments d’ambiance. Des sons psychédéliques très anciens, qu’une rapide datation à l’isotope carbone 14 a situés au début de l’ère floydienne, au barettien supérieur (pré-watersien donc). Ils en font leur ingrédient principal (Woman), ou plutôt en soupoudrent leurs morceaux habituels (Do I Have The Power).

Toutes les circonstances de la vie ne réclament pas la même musique. Parce que beaucoup d’occasions ne conviennent pas aux arrache-cœurs habituels, il est toujours intéressant de trouver du léger et du simple. Timber Timbre tombe donc à pic, et vient grossir la liste de ces groupes de l’entre-deux, de transition bienvenue entre des alcools plus forts.

http://www.myspace.com/timbertimbre

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Ella Ronen – The Girl With No Skin

    Fuck Cute/I’m Tired of Cute/Cute has never served me
    Il ne faut pas se laisser tromper par la délicatesse d’Ella Ronen. Si on est séduit d’emblée par les plaisirs doux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Marie Modiano (référence ancienne on en convient...), la jolie voix propose une écriture plus profonde, sans doute parce qu’elle repose sur un substrat qui a son content de drames.
    Une des (...)

  • Tomasso Varisco – These Gloves

    Les amis de nos amis (même récents) deviennent bien vite nos amis. En découvrant Stella Burns il y a peu, on ne savait pas que d’autres artistes se cachaient derrière comme Tommaso Varisco auquel Stella Burns prête ici main forte. Si ceci est moins marqué par l’americana mais c’est évidemment ce genre de terreau qui l’inspire. On est donc invités dans un road trip. Mais pas sur la route 66, ce périple (...)

  • Stella Burns - Long Walks in the Dark

    L’influence culturelle des Etats-Unis est telle que même les plus endémiques de ses expressions sont reprises partout dans le monde. Le cas de l’Americana est assez typique, on en retrouve des partisans tout autour du globe et c’est d’Italie que provient celui-ci, nommé Gianluca Maria Sorace mais officiant sous le nom de Stella Burns.
    Sa voix est belle et claire et reçoit aussi le renfort de Mick (...)

  • Harp - Albion

    Si le nom de Harp n’a jamais été évoqué ici, on connait bien l’instigateur de ce projet qui n’est autre que Tim Smith. Lui qui fut jusqu’au sublime The Courage of Others chanteur de Midlake a en effet quitté le groupe de Denton, Texas depuis belle lurette pour se lancer sur un autre chemin, accompagné de son épouse.
    Cette division cellulaire est un peu semblable à celle de Menomena qui a continué sa (...)

  • Sarah Mary Chadwick - Messages To God

    Dans une ère où toutes les émotions sont passées sous l’éteignoir d’une production qui lisse, il est plaisant de rencontrer des voix (forcément) discordantes comme celle de la Néo-Zélandaise Sarah Mary Chadwick sur son huitième album solo. On se frotte d’emblée à ce ton naturaliste et direct qui n’est pas sans rappeler Frida Hÿvonen. Frontal donc, d’une sincérité qui peut aller jusqu’au malaise. La dernière (...)

  • Anohni and the Jonsons - My Back Was a Bridge for You to Cross

    Une limitation connue de la critique est qu’elle intervient à un temps donné, dans un contexte. Or on sait que les avis ne sont jamais constants dans le temps. Ainsi si I am a Bird Now a beaucoup plu à l’époque, on le tient maintenant comme un des meilleurs albums de tous les temps, tous genres et époques confondus. Cette proximité crée aussi une attente quand que les Jonsons sont de nouveau de la (...)

  • Jungstötter - Air

    Quand on a découvert Jungstötter, c’était presque trop beau pour être vrai. En se situant aux confluents de tant de choses qu’on aimait comme Patrick Wolf ou Soap&Skin (dont il a assuré les premières parties) ou Anohni, il a délivré avec Love Is un de nos albums préférés de ces dernières années. C’était aussi l’occasion de retrouver des collaborateurs talentueux comme P.A. Hülsenbeck qui d’ailleurs est (...)

  • Lana Del Rey - Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd (...)

    Généreuse dans l’effort, Lana Del Rey l’est certainement, et il faut l’être pour livrer aussi régulièrement des albums aussi consistants. Surtout s’ils sont entrecoupés de recueils de poésie. Maintenant, on peut s’affranchir d’un rappel des faits précédents. On remontera juste jusqu’au formidable Noman Fucking Rockwell ! pour signaler qu’il y a eu deux albums jumeaux en 2021 qui l’ont vu à la fois revenir à (...)