mardi 26 avril 2011, par
Sensibilité casquée
Un bon album peut commencer par des mauvaises idées. En s’appelant cascadeur et en revêtant un casque, il y a quand même des chances pour que le public cible ne soit pas interpellé de la bonne manière. A moins de tomber sur des fans de rock sensible (il y en a un qui a dit « chochotte » dans le fond, il sort) et Daft Punk. Evidemment, si vous êtes un peu renseignés et au fait de l’activité musicale hexagonale, vous ne vous êtes pas fait prendre. Mais reconnaissons qu’il donne au critique fatigué (c’est moi) le prétexte à des jeux de mots faciles et un peu bidon.
On peut par exemple parler de casque de pompier puisque les références qui arrivent le plus vite au cerveau sont celles de certains Sufjan Stevens. C’est ce qu’on pense assez vite sur Walker (un hommage à Scott ?). Et puis des morceaux comme Waitin tirent du mauvais côté de la corde sensible. Il peut donc se révéler un peu énervant (Memories), surtout si comme moi vous ne succombez pas à un Chris Garneau. Mais ne vous détournez pas tout de suite, au moment de mettre la balance en équilibre, elle penchera plutôt vers la grâce plutôt que vers l’affectation. Antony est évidemment appelé à la rescousse du critique en mal de références (Meaning).
Je ne voudrais pas tomber dans la caricature facile, mais quand une musique peut complètement faire oublier son origine, c’est un côté très positif. Dans ses compatriotes, il est bon de se rappeler qu’il y a des artistes aussi formidables que Sebastien Schuller ou Boy and The Echo Choir. Le dernier morceau avec ses chœurs (plus sympathique que la version originale également présente) y fait d’ailleurs penser, et c’est une évocation qui ne peut que nous faire plaisir.
Une musique pareille se mesure à l’émotion, au talent pur, à l’âme mise à nu. Je voudrais simplement fixer l’enjeu, et sans doute essayer de comprendre pourquoi à partir du même moule certaines choses me touchent et d’autres pas. On peut faire son shopping, prendre ce qu’on préfère mais jamais aucun morceau ne semble hors de propos. Et puis il y a ces moments où on bascule de l’autre côté, où le délicat, en quelques notes, se mue en vraie beauté pure. Your Shadow a cette chance. Highway 01 et sa montée en puissance qui tire certes sur des ficelles connues mais le fait avec grâce. Après un album qui peint avec les mêmes teintes, on remarque que l’attention n’est pas écornée au moment où déboulent ces deux meilleurs moments en toute fin.
On n’écoute pas qu’un album à la fois (enfin, si, mais bon, vous m’avez compris) et la comparaison avec le magnifique King Creosote & Jon Hopkins n’est pas tendre parce qu’on sent plus d’élégie ici, plus de sucre. Tout est relatif bien entendu, et il faut prendre un peu de distance pour que les deux puissent plaire. Il serait dommage que des plaisirs s’annulent, n’est-ce pas ? Il ne faut pas non plus espérer l’album qui renverse, mais un bon album léché, à la sensibilité parfois trop précieuse mais qui livre suffisamment de bons moments pour mériter l’écoute de tout auditeur sensible.
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