mercredi 4 mai 2011, par
Tri sélectif
Quand on parle d’une voix aussi bouleversante que celle d’Ian Curtis, a-t-on le droit de dire que parfois elle s’éloigne des canons de la justesse de ton ? On ne tranchera pas ici cette question qui ne mérite sans doute pas de l’être mais il y a dans la voix du chanteur des Crystal Stilts non seulement cette profondeur noyée d’écho mais aussi ces petites absences. C’est en tout cas ce qui frappe dès Sycamore Tree. En faisant leur shopping chez les mancuniens, ils ont aussi repris l’écho sur la batterie. Mais on a aussi l’impression que le contexte industriel anglais a été déplacé dans le sud des Etats-Unis.
Mais soyons honnêtes, l’analogie a ses limites puisque les mélodies peuvent être plus lumineuses. Trough The Floor par exemple pourrait subir un traitement musical plus aéré et pop et en ressortir intacte. Ne pas vouloir le noir pour le noir, c’est une bonne idée, qui rend Half A Moon ou le bon Shake The Shackles entrainants. C’est ce que je préfère chez eux, c’est là pour moi que le mélange prend le mieux, en s’éloignant de la liste de courses chez les grands groupes du passé. Un morceau enlevé et léger, c’est encore ce qui ancre le mieux dans le présent. Ils peuvent aussi se lancer dans un délire garage psychédélique sur Death Is What We Live For.
Ce n’est peut-être pas automatique chez vous, mais le mélange renvoie assez franchement à l’excellent Cryptograms de Deerhunter. Mais la bande à Bradford Cox en avait fait quelque chose de complètement différent. C’est ça aussi qui nous pousse à écouter encore et encore. A partir de mêmes références ultra balisées et identiques, il n’est pas écrit que les résultats se ressemblent.
Pour le reste, les références évidentes sont à chercher dans une plus ancienne noirceur de la fin des sixties, celle des Doors et du Velvet Underground. Surtout quand la répétition du chant est supportée par un groupe en délire et probablement sous influence (Alien Rivers)
Génération oblige, je pense aussi aux premiers Mazzy Star, avec une voix forcément très différente d’Hope Sandoval, mais cette même vénération pour les idoles susmentionnées et cet orgue qui pénètre presque malgré lui.
Evidemment, le ton sépulcral et l’écho très présent de façon systématique peuvent lasser, et donnent parfois l’impression qu’ils se remettent peu en question. Ni dans l’origine des références ni dans l’assemblage on ne trouvera d’originalité. Pourtant, cet album s’est attiré de la sympathie presque immédiatement. Même si l’écho systématique et le manque d’amplitude et de variation du chant pourra freiner l’ardeur sur la longueur, ce groupe semble bien décidé à s’approprier des références ultra balisées pour les emmener danser contre leur gré.
Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
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