samedi 21 mai 2011, par
Sunny Seattle
En général on se demande quelle évolution ils vont prendre, quels seront leur choix et pourquoi ils les ont faits. Des questions intellectuelles quoi, du prenage de chou difficilement évitable cependant. Dans le cas qui nous occupe, c’est plutôt vers soi que la question se pose. Sera-t-on touché, va-t-on emporter cet album avec soi, le prendre pour soi et pour toujours ? L’enjeu, est donc différent, plus intime. Donc, répondre un oui franc et massif est déjà une satisfaction réelle.
Evidemment que je radote, mais le hasard m’a fait découvrir ce groupe en concert alors qu’ils n’atteignaient même pas le quota de l’époque de quatre morceaux sur leur myspace. C’était en première partie de Malajube et Snowden, un samedi soir comme un autre. Depuis, ils sont devenus un des groupes les plus excitants de l’époque. Par exemple, ils ont été souvent repris, ce qui témoigne de leur influence sur tout un pan de la scène actuelle. En quelques mois de 2007, ils ont pris une dimension qu’ils ne sont pas près de quitter. Depuis, on a bien eu des nouvelles de la famille Tillman, du batteur J. Tillman qui a sorti un album de folk nu vraiment saisissant et de son frère sous le nom de Pearly Gates Music.
Et puis il y a le chanteur Robin Pecknold. Il n’est pas toujours utile de chercher la rareté, la version primitive de morceaux qui sont partis pour devenir des classiques. Mais les bootlegs tirés des premières parties que Robin Pecknold a assurées pour Joanna Newsom sont éclairants. On a d’abord pu se rendre compte à quel point sa voix était pure et singulière. Et puis c’est là qu’il a étrenné pour la première fois la plupart des morceaux de cet album. On n’ira pas jouer au jeu des sept différences, mais on peut en déduire que ces chansons doivent tout d’abord tenir la route en solo, armé d’une seule guitare. Cette approche sans esbroufe et sans artifice est au cœur de la genèse de ce second album. Sur un petit morceau tout simple comme Blue Spotter Tail, ce talent à trousser des comptines avec peu est manifeste. Ce n’est pas un haut fait de l’album, ils le sortent tout de suite après la démesure de The Shrine mais c’est aussi à l’aune de ces morceaux plus effacés qu’on se rend compte que leur talent est énorme. Bien évidemment, si on adhère au concept, on pourra quand même reconnaître que tout n’est pas époustouflant, mais la faute de goût est totalement absente. Si vous en venez à zapper un morceau, c’est sans doute tout le groupe dont il convient de se passer.
Bien honnêtement, ma méconnaissance du folk des années ’70 me fait peut-être prendre pour plus originale qu’elle ne l’est cette musique, mais bon, on n’est pas là pour vanter les mérites respectifs des époques mais pour dire ce que nous inspire cet album ici et maintenant. Et ce que j’y trouve, ce sont des chansons hors normes (la plage titulaire), et puis on aime retrouver ces hymnes sans âge, intemporels, qui traverseront les modes sans dommage.
Ce qui n’existait pas par contre, c’est l’ampleur d’un The Shrine/An Argument, leur propension nouvelle de rester passionnants sur des morceaux plus longs et variés. De plus, j’aime quand la voix de Pecknold s’envole, se fait un peu plus incisive. Remettre la voix au cœur des préoccupations musicales est aussi une des contributions de Fleet Foxes. D’ailleurs, je remarque que je suis sensible à cette façon, chez eux ou à l’autre bout du spectre avec Midlake.
Ils peuvent n’utiliser que des guitares acoustiques pour faire monter la sauce. Et c’est peut-être aussi ça la singularité, ne jamais utiliser d’ingrédients compliqués. Ou plutôt de le faire de façon subtile, parce qu’on peut distinguer des touches d’orgue, de cordes, de slide guitar même, en plus d’une myriade d’instruments rares. Mais jamais on n’a l’impression d’une démonstration de moyens. Comme Grizzly Bear, on a l’impression d’entendre des choses très différentes, alors que finalement, on reste dans des structures et des sons classiques.
Succéder à un album qui avait été acclamé est sans doute une des missions les plus délicates à gérer pour un groupe. Fleet Foxes s’est concentré sur ses chansons et le résultat les propulse tout en haut, dans cette catégorie rare et précieuse de ceux qui n’ont pas déçu, et qui servent à définir un genre. Ceux qui ont apprécié le premier ne doivent donc pas craindre de baisse de régime, mais une évolution en douceur.
Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)
L’album enregistré en Islande semble être un passage obligé pour bien des musiciens. A l’instar de compatriotes comme John Grant ou Low Roar (le regretté Ryan Karazija), Blake Aaron Henderson a suivi les conseils de son ami harpiste Úlfur Hansson et est allé enregistrer son cinquième album sur la fameuse île.
Et comme presque tout ce qui émane de ces terres d’exception, il en ressort une délicatesse (...)
S’il n’est pas immédiatement associé à une scène folk historique, le pédigrée de Rufus Wainwright ne laisse pas de doute. Il est le fils de Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle (chanteurs folk proches de la scène de Laurel Canyon) après tout et tant qu’à rester en famille ses sœurs Lucy et Martha sont là, sa tante Anna McGarrigle aussi. Mais ce n’est pas vraiment un album familial pour autant, il y a (...)
Oui, Clara Engel nous revient déjà. Mais c’est surtout parce qu’il nous avait fallu du temps pour faire le tour de Their Invisible Hands. On connait maintenant l’univers de l’artiste canadienne et on se sent tout de suite chez nous. Eloge de la lenteur, du recueillement, il pousse à la contemplation et à reprendre le contrôle du temps. Donc il faut aussi la bonne disposition. Tout comme on n’entre pas (...)