lundi 26 septembre 2011, par
Détours
Dans la longue liste des chanteuses de talent, Annie Clark a une place de choix. Non seulement parce que certains morceaux et concerts sont marquants, mais elle garde ce grain de folie, d’imprévisibilité qui la rend unique. Ses chansons sont complexes, faussement plaisantes, tortueuses.
Parfois, il est facile de se retrancher derrière sa subjectivité, balayer par avance les reproches éventuels en concédant que ça ne peut pas plaire à tout le monde. Surtout que dans le cas qui nous occupe, le charisme personnel n’est pas pour rien dans l’attachement. Ceux qui ont vu cette femme en concert savent de quoi je parle. Alors oui, je trouve ça potentiellement aride. Mais il y a une part d’impondérable dans ces musiques aventureuses. Pourquoi Xiu Xiu et pas Deerhoof ? Pourquoi St Vincent et pas Dirty Projectors ? Question d’affinités électives, de ressenti, puisque quand on s’écarte des habitudes, c’est le ressenti de l’auditeur qui prime.
En première écoute, c’est son album le plus abouti, le plus facilement accessible. Mais étrangement, quand elle se risquait à la lisière du kitsch, du ‘too much’, elle troublait parce qu’on la suivait toujours même là où on ne se serait pas aventurés sans elle. Comme une soirée pas fameuse peut se révéler très amusante en bonne compagnie, ses excès de sucre passaient tout seuls sur Marry Me ou Actor. Il y a ici plus plus de beats, moins de jazz, un son plus rond qui fait moins qu’auparavant, une pulsation qui fait passer presque en douceur certains sons moins mélodieux (l’emballement final de Surgeon). Est-ce notre habitude qui rend cet album moins vénéneux ? Et au final moins passionnant ?
Il y a cependant presque toujours un moment d’évitement, où une mélodie étrange vient s’immiscer, où un instrument inattendu s’invite. Sur Cruel, ce sont ces chœurs bien décalés qui viennent apporter leur dose d’étrange, plus que les guitares d’hommage à Robert Fripp (Zappa ?), comme un conte de fée qui aurait mal tourné et se retrouvait dénaturé dans la salle d’à-côté du cinéma. Le simple fait d’évoquer le guitariste rappelle que l’œuvre de Bowie (avec qui il a collaboré) n’est pas toujours d’une limpidité extrême, et qu’il faut un peu de temps pour en apprivoiser la discographie. On est un peu dans les mêmes eaux ici, même si la puissance conceptuelle n’est pas comparable. La guitare tient les premiers rôles, mais pas comme chez des groupes qui ont un son ‘rock’, mais comme un fournisseur de gimmicks acérés.
Une musique aussi personnelle laisse de la place au ressenti plus qu’à l’appréhension intellectuelle. Je veux donc par avance m’excuser de ne pas avoir d’avis définitif et tranché sur cet album qui n’a intéressé sans me promettre de revenir souvent. On est certain qu’il y a un style St Vincent, mais on n’est pas certain de ne pas en avoir déjà fait le tour.
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