mardi 1er novembre 2011, par
Et de mille
Pour le millième article que je publie sur ce site, il était important qu’on parle d’un artiste pour la dixième fois (plus un concert). Statistiquement, 1% de mes articles sont donc consacrés à Jean-Louis Murat, ne venez pas me parler de favoritisme. A part l’implacable loi des chiffres, il faut bien avouer que l’Auvergnat a une place bien particulière dans la chanson française et dans nos cœurs. Identifiable après trois secondes de n’importe quelle introduction de n’importe laquelle de ses chansons, il poursuit son chemin, il trace son sillon, observateur de notre époque sans avoir l’air d’y toucher, touchant à l’universalité à coups de métaphores obscures délivrées avec un aplomb qui les rend étonnamment légères. Parfois, rien qu’en lisant les titres on sait à qui on a affaire. Qui d’autre peut appeler ses morceaux Il Faut Vendre Les Prés ou Sans Pitié Pour Le Cheval ?
Murat, on adhère donc ou pas. Et je peux dire que je n’ai pas subi d’effet Tefal, et que l’impression de reprendre une conversation avec un ami est toujours prégnante. Il est donc facile pour l’amateur de rentrer par la lippe boudeuse de Qu’est-Ce Que Ca Veut Dire, d’apprécier d’une traite cet album, malgré quelques moments qui m’ont laissé perplexe (Alexandrie). Si vous êtes venus chercher ce qui fait la singularité de cet album, je pourrai vous dire que les colorations plus folk ou électrique ne sont plus mises en avant, ce qui rend cet album plus lisse et plus léché malgré un enregistrement qui a été présenté comme rapide (10 jours).
Les amateurs d’analyse littérale et d’exégèse seront comme d’habitude de la revue, parce que Murat se prend en entier, et les textes recèlent des sources d’étonnement qui paradoxalement perdent à s’expliquer. Ensuite, il y a chez lui cet aspect universaliste, qui mine de rien peut partir du particulier (Il Faut Vendre Les Prés) pour toucher une cible bien plus large. Ainsi des thèmes aussi peu poétiques que le cyclisme se parent d’une certaine grâce. Le Champion Espagnol, c’est théoriquement Frederico Bahamontes, mais bon, ça marche aussi pour Delgado ou Contador. C’est pour moi le meilleur morceau avec les touchantes Lettres De La Pampa.
Avant le très bon Le Cours Ordinaire des Choses, il y avait eu le moyen Tristan. On sait donc que si celui-ci ne nous fait pas complètement fondre, il y en aura bien d’autres pour nous ragaillardir plus tard. Au contraire de ce Tristan d’ailleurs, celui-ci est plus riche musicalement, et il semble ne pas revenir (pour l’instant) vers une veine plus acoustique. Il a ralenti le rythme (à son échelle, ça veut dire un album tous les deux ans). L’esprit critique, sollicité contre son gré, arrivera tout de même à me lâcher que ce dernier album n’est pas un jalon dans l’abondante discographie du bonhomme. Mon habitude viendra lui rétorquer que ce n’est pas ce qu’on attend de lui, que cet album garde les qualités de mélodie et de mystère, et qu’on est prêt, avec lui. A ‘Risquer le tout/Aimer toujours.
Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
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