Accueil > Critiques > 2011

Yann Tiersen - Skyline

jeudi 1er décembre 2011, par marc

Pourquoi des voix ?


La dernière fois qu’on avait entendu parler de Yann Tiersen, c’était pour un disque qui tirait franchement vers le post-rock ténébreux avec un succès certain. C’était il y a moins d’un an. On peut dire que s’il travaille par cycles, celui-ci peut clairement être associé à Dust Lane. Il a passé beaucoup de temps à essayer de se défaire de l’étiquette d’Amélie Poulain, et maintenant que le malentendu (ou prétendu tel, cette BO reflétant bien ce qu’il faisait auparavant), il peut se jour à sa façon des poncifs post-rock. Mais il n’en abuse pas, ne voulant pas rendre la démarche systématique, et réussit d’emblée à rendre le premier morceau intense qui reste ce que j’ai préféré sur ce Skyline.

Sujet largement abordé, la pertinence d’ajouter des voix à des morceaux qui n’ont rien demandé (Hesitation Wound) est encore posée. Pour prendre moins de pincettes, ce gadget commence à carrément irriter. Surtout que certains albums de Tiersen se distinguaient par des collaborations de chanteur de tout premier plan. Citons Dominique A, Stuart Staples, Lisa Germano, Miossec, Elisabeth Frazer, Shannon Wright ou Neil Hannon. Tout l’inverse du remplissage donc, et le résultat aurait été autre que la scie I’m Gonna Leave Anyhow. Mais il ne faut pas sombrer dans la caricature, ces voix peuvent mieux se fondre dans le décor (Monuments) ou mieux passer la rampe tout simplement parce que le morceau est plus intense (The Gutter). D’une manière générale, on préfère qu’elles constituent un appui, pas un hypothétique point d’accroche. Notez qu’il tente et réussit le mélange entre son ancienne façon (une relecture personnelle de la musique traditionnelle) et sa nouvelle (une relecture traditionnelle du post-rock) sur Forgive Me.

Ajouter des voix à un morceau instrumental ne suffira jamais à en faire une chanson. Etrange de devoir dégainer ça à propos d’un musicien aussi aguerri et talentueux que Yann Tiersen. Mais ce petit mouvement d’humeur ne doit pas faire oublier l’essentiel, c’est-à-dire que l’interprétation des poncifs du post-rock par le finistérien garde toute sa pertinence. Pour ceux qui n’auraient pas encore découvert cette facette de Yann Tiesen, il convient peut-être de commencer par le plus consistant Dust Lane.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Yann Tiersen - Skyline 1er décembre 2011 16:03, par le cousin de la reine de trêfle

    Je ne connais pas encore Skyline, j’avais aimé Dust Lane ...

    Je reviens brièvement sur les références à Amélie Poulain, qu’on se doit semble-t-il de rejeter en bloc, film et musique compris ...

    J’ai pour ma part tellement apprécié Amélie, sa grâce et sa douce folie !

    repondre message

    • Yann Tiersen - Skyline 1er décembre 2011 16:52, par Marc

      Je serais curieux d’avoir ton avis sur ce dernier album.

      En fait, c’est Yann Tiersen qui a essayé de ne pas être vu que comme l’homme d’une BO, et qui essaie parfois de s’en éloigner le plus possible. Si j’avais apprécié le film à l’époque (dix ans déjà...), c’est parce que certains de ces morceaux m’étaient connus. Mais je comprends sa frustration d’être perçu seulement partiellement par une grande partie du public, alors que son album sorti en même temps que le film (L’Absente) était meilleur et est passé inaperçu.

      repondre message

  • Yann Tiersen - Skyline 7 décembre 2011 12:27, par Edgar

    Bonjour,

    fan de l’ami Tiersen depuis bien longtemps (avant Amélie Poulain qui reste pour moi un des plus beaux films jamais vus en grande partie grâce à la musique de Tiersen), j’ai un peu décroché de ses dernières productions. Je découvre même ici qu’il a sorti un nouvel album que je vais m’empresser d’aller découvrir.

    Christophe alias Edgar

    Voir en ligne : http://edgarsmiouzik.wordpress.com

    repondre message

  • Yann Tiersen - Skyline 13 décembre 2011 12:20, par Edgar

    Bonjour,

    Et bien voilà, je me suis frotté au nouvel opus de Yann Tiersen et je dois dire que, passé l’étonnement du virage musical qu’il a emprunté (je n’avais jeté qu’une oreille peu attentive à ces précédents albums), j’ai pris un pied énorme à écouter cette musique rock et noisy comme j’aime. Tiersen arrive à mêler des mélodies planantes et légères avec une musique intense et expérimentale. Bravo mister Yann, je vais de ce pas écouter "Dust Lane" que beaucoup semble dire bien meilleur encore que ce "Skyline", ça promet !!!

    Merci de m’avoir ré-aiguiller vers cet artiste unique.

    Christophe alias Edgar

    Voir en ligne : http://edgarsmiouzik.wordpress.com/

    repondre message

  • Explosions in the Sky - End

    Même si tous les styles et mélanges potentiels coexistent actuellement, force est de constater que certains ont perdu de leur vigueur. Très présent en nos colonnes il y a plusieurs années, le post-rock s’est fait plus rare. Et pas à cause d’un revirement de nos goûts, c’est l’offre qui s’amenuise. L’effet positif sans doute, c’est que les sorties ont plus de chances de se singulariser. Comme par exemple (...)

  • Sigur Rós - Átta

    Avis important pour les artistes : si vous comptez entamer un hiatus, arrangez-vous pour le faire après un bon album. C’est la bonne idée de la formation islandaise qui nous avait laissés en 2013 sur l’excellent Kveikur. Depuis, on savait le projet un cocon, notamment avec le départ de certains membres. Evidemment, on avait suivi les aventures solo du chanteur Jónsi Birgisson mais rien n’indiquait (...)

  • Bravery In Battles - The House We Live In

    Même si c’est contre-intuitif parce que le post-rock est essentiellement instrumental, le style a souvent été engagé. Entre les revendications de Godpeed You ! Black Emperor et la protection de la Grande Barrière de Corail de Selfless Orchestra, les exemples abondent. Le collectif parisien Bravery in Battles est présent sur le combat environnemental comme en témoigne la copieuse musique du film The (...)

  • The Aquatic Museum - The Aquatic Museum

    On a vérifié pour vous, le Luxembourg n’a pas d’accès à la mer. Pourtant, le collectif articulé autour de Claire Parsons évoque l’élément liquide. On pense à Selfless Orchestra qui mêlait post-rock et défense de la Grande Barrière de Corail. De post-rock il est aussi question ici, même si quand ils pratiquent le genre ils le mâtinent d’une pincée de big band. Ça donne Trash Tub, le genre de morceau plus (...)