jeudi 24 mai 2012, par
Americana narquois
Si ce nom de Father John Misty ne vous est pas connu, il est probable que celui qui se cache sous ce nouveau nom le soit. En effet, après avoir quitté les Fleet Foxes dont il était batteur il y a quelques mois, J. Tillman s’est lancé dans une aventure solo à plein temps, lui qui avait déjà sorti plusieurs albums sous son ‘vrai’ nom.
Changement de nom, changement de style, aussi. Seule la maison de disques ne change pas, en l’occurrence la vénérable Sub Pop de Seattle. Il s’éloigne donc du folk sec et âpre de l’album précédent, pour étoffer le son. D’ailleurs, on ne retrouve plus Steve Albini à la production (un lien pour gagner une page de noms) mais Jonathan Wilson, qui nous avait gratifiés l’année passée d’un album détendu aux très forts accents seventies. On imagine que par le passé, il aurait pu faire d’O I Long to Feel Your Arms Around Me une balade lugubre et poignante. Il suffit de peu de choses, d’un peu de handclaps par exemple, pour que la vision change assez sensiblement.
Ce qui n’a pas changé non plus et marque la filiation avec des formations comme ses Fleet Foxes, c’est cette relecture décalée et permanente du patrimoine musical américain, cette volonté de faire du personnel avec un répertoire et des références séculaires. Ce qui pourra parfois sembler un peu trop connoté quand il vire presque bluegrass (Tee-Pee’s 1-12) mais permet de sortir sans honte aucune le boogie narquois de Writing A Novel ou du chorus convaincant de This Is Sally Hatchet.
Il fait plus souvent mouche avec son humour acéré (Now I’m Learning to Love the War), qui ressort plus qu’auparavant et peut rappeler John Grant pour cette apposition de tradition et de références anachroniques (la science-fiction chez Grant) ou cette voix qui se prête bien à ce romantisme léger et pas mièvre. S’il se lance dans un falsetto le temps d’un Nancy From Now On un peu nostalgique et au kitsch assumé, c’est suffisamment rare et maitrisé. Mais mon moment préféré est le très catchy Hollywood Forever Cemetery Sings. Ce martellement et son Jeeesus Christ Girl d’introduction me sont obstinément restés vissés en tête
Father John Misty n’est plus un side-project, c’est une occupation à plein temps, et on sait qu’il va falloir compter sur cet artiste dont le talent se révèle plus étendu qu’on ne le pensait. Sa relecture un peu ironique de la tradition americana montre en tout cas une belle santé.
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