vendredi 4 mai 2012, par
Pour la seconde partie
En choisissant un mot-clé pour un album, il est dommage qu’en sus des ‘post-rock’, ‘folk’ et autres ‘dépressif’ on ne puisse ajouter ‘subjectif’. Parce que depuis une première rencontre fortuite un vendredi pluvieux (je ne me souviens plus de la météo, mais comme c’était un vendredi à Seattle…), je n’ai jamais renié un attachement parfois irrationnel pour Frida Hyvönen.
Irrationnel ou subjectif pour au moins deux raisons opposées. Tout d’abord parce que ce sont surtout les paroles qui m’importent chez elle, cette façon tellement personnelle de percevoir les choses et de les relater, et puis quelques fulgurances qu’on retient. Ensuite parce que je dois aussi avouer que sur son dernier album très étoilé, on pouvait entendre une apposition de morceaux remarquables pour des raisons différentes (émotion pure, ironie mordante, intensité), mais aussi quelques titres moins marquants, qu’on écoutait sans déplaisir parce que l’essentiel n’était pas là. Tout est une question d’équilibre, et cet album n’est pas vraiment moyen, mais présente deux faces, une pas vraiment emballante (voire un peu embarrassante, on y reviendra) et une autre où on retrouve ce qu’on y cherchait.
Il faut aussi préciser que la voix de Frida Hyvönen n’est pas toujours une caresse, mais excelle à installer mine de rien un peu de gai désespoir à des chansons, histoire d’en souligner le côté doux-amer. C’est particulièrement frappant sur le paradoxalement entrainant Picking Apples. On avait compris qu’elle ne comptait pas décliner une énième fois le piano-voix au franc-parler désarmant, ce que finalement elle n’a fait que le temps du toujours aussi recommandable Until Death Comes. Gas Station n’est pas une balade classique comme elle les affectionne mais un morceau pop un peu sombre, et c’est réussi.
Ce qu’on avait moins prévu, c’est que l’eightite la gagne. Terribly Dark était proposé en éclaireur avant la sortie de l’album. J’avais entendu qu’elle tentait le disco et je m’étais logiquement abstenu. Le recul m’a donné raison, il n’aurait pas fallu s’alarmer outre mesure. Le disco n’est pas un problème en soi (il est d’ailleurs amusant de l’imaginer avec un serre-tête d’aérobic fluo), pour peu qu’on sente que l’artiste puisse en tirer quelque chose d’intéressant. On préfèrerait l’exercice inverse, avec un album acoustique de Beth Ditto ou Roisin Murphy par exemple. Dans les excès, signalons aussi The Wild Bali Nights noyé de batterie. Par contre, les mélodies frappent encore juste. Il y a toujours une bribe qui sort du lot en tout cas (In Every Crowd, Gold), ou des violons qui se lâchent quelque peu sur In Every Crowd.
Il faut attendre la seconde moitié de l’album pour que la connexion se rétablisse, qu’on retrouve les raisons qui nous ont amené là. C’est assez tôt pour qu’on ne soit pas parti, mais un peu trop tard pour faire de ce Into The Soul le troisième grand album d’affilée pour la Suédoise. On guette le chef-d’œuvre, et ce qui s’en rapproche le plus est cette chanson sur le deuil (Farmor) de sa grand-mère, avec une évocation nuancée, attachante, rendue encore plus personnel par texte pas trop en accord avec la métrique. C’est là qu’elle est la plus pertinente, la plus poignante. Sans trop d’humour décalé pour le coup, mais une sincérité qui fait mouche. Ce thème des souvenirs, d’une famille qui s’évanouit peu à peu, on le retrouvera encore, sur Picking Apples ou le magnifique Hands (souvenirs de sa mère), avec sa mélodie très classique mais impeccable et de vraies envolées de violon
Comme l’attachement que j’ai pour Frida tient autant à ses paroles qu’au reste, parce que son ton entre en résonance, je comprendrais qu’on rejette cet album pour les raisons symétriques à celles de mon attachement. Son talent d’écriture n’est pas en baisse, mais la forme n’est plus aussi enthousiasmante. On pourra revenir sur cet album, il est là, il nous attend. Mais il ne nous tend plus les bras comme avant, on a simplement moins envie de pleurer avec elle.
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