vendredi 11 mai 2012, par
Il est rare qu’à ce point un état d’esprit soit lié à un groupe. Spleen pourrait rimer avec Spain, tant le temps de deux albums qui ont arrêté le temps (The Blue Moods Of Spain et She Haunts My Dreams), ils ont su rendre leur mélancolie cotonneuse presque palpable. Soyons honnêtes aussi, le troisième I Believe est depuis longtemps effacé de nos mémoires.
La musique de Spain peut ne pas être passionnante, à la limite, elle ne doit pas. Parce que dans le meilleur des cas, il y a ce potentiel de fascination, cette intimité extrême et cet froideur d’aspect en même temps. Vous le constatez, des qualités bien subjectives et extrêmement dépendantes du ressenti.
Ils arrivent en tout cas à retenir notre attention avec le bourdonnement de Because Your Love mais quand ils se lancent avec Miracle Man dans un noisy-rock placide, on baille carrément. Tout comme on se perd dans le décousu chorus final d’All I Can Give, moins en place que l’apport du piano sur Without a Sound. On le voit, le contre-emploi n’est que rarement convaincant. Évoluer est une intention louable, sauf quand on s’éloigne trop de ce qu’on fait bien.
Et ce qu’ils ont toujours bien fait, ce sont ces morceaux forcément longs, notamment parce que pour Josh Hadden, prononcer un mot peut prendre un petit temps. On retrouve les soli très lents et aigus sur le très lent également I Love You. C’est ce qui est le plus caractéristique évidemment. Du coup, un morceau qui aurait pu être banal pour eux comme Falling prend un relief particulier. Only One donne l’impression qu’on est en 1995, que je dois me mettre à étudier pour la session de juin. Et puis non, on se ressaisit. Non, rien n’a changé pour eux, mais rien ne doit changer. On ne demande pas à un groupe comme ça de mener la danse, de pointer du doigt la direction de la recherche sonore. Et si ça ne fonctionne pas, il suffit peut-être d’attendre le bon moment. Et il y en a forcément un pour cette musique-là. Cela dit, le tempo est moins uniformément arrêté que par le passé, ce qui pourra donner des regrets aux fans de la première heure mais rend l’écoute moins réservée à des moments particuliers.
Mais il faut garder les yeux ouverts, la fascination mélancolique est moins présente, moins défendable. L’intransigeance de la lenteur, qu’on retrouvait sur des deux premiers albums de Spain ou chez d’autres comme Susanna, était non pas une composante ou une spécificité, c’était l’essence même d’une courte discographie qui a marqué toute une frange de l’audience. Difficile de dire si quelqu’un qui n’a pas connu ces albums en temps et en heure (quelqu’un de moins de trente ans donc) pourra facilement succomber. Vu que cet album m’a surtout donné envie de dépoussiérer les deux premiers, je pense que la réponse est négative.
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