Accueil > Critiques > 2012

Isbells - Stoalin’

lundi 14 mai 2012, par marc

La douceur, c’est important


Si la prédominance des labels est très marquée en musique électronique, où la maison qui héberge un projet est assez éclairante sur ce qu’on peut attendre d’un artiste (en qualité et en genre), elle est moins présente ailleurs. Il faut cependant reconnaitre que certaines maisons sont devenues de vraies références (Bella union, Constellation, Secretly Canadian). Par exemple, quand en Belgique on parle de Zeal Records, on sait qu’on entre dans un monde d’évocations de beaux souvenirs. Que ce soient Sunday Bell Ringers, Toman, Sleepingdog ou Marble Sounds, on sait qu’on sera entre nous, qu’on peut se faire confiance.

Surtout s’il s’agit du second album d’une formation qu’on apprécie. Rassurez-vous tout de suite, on ne déplore aucune baisse de régime, et on constate même qu’ils ont pris de l’assurance. Ce qui se traduit par des morceaux plus pop et directs comme Heading To The Newborn, placé entre les nappes d’arpèges et la sensation de flottement de Stoalin’ et le folk un peu lointain, n’ayant pas l’air d’y toucher mais reposant sur une mélodie solide (Heart Attacks). Voilà, en trois morceaux, le décor est planté. Mais on n’a pas encore fait le tour, il reste encore quelques morceaux d’une joliesse que n’aurait pas renié Cocoon, mais avec un petit surcroit d’intensité et de mélancolie (Fallin In and Out).

Il y a également, et comme auparavant, ces morceaux qui font penser très frontalement à Bon Iver comme Elation ou le très bon Illusion. Comme beaucoup d’artistes influents, ceux qui tentent de suivre les pas de Bon Iver en copient la première forme, alors que lui est déjà plus loin dans son évolution. La même chose est arrivée à Arcade Fire ou Radiohead.

La seule poussée sera initiée à moins de 2 minutes de la fin, sur le mode du Sigur Ros récent (enfin, tout est relatif), pour clôturer le morceau le plus désolé de l’album. C’est sans doute une fin de concert toute trouvée. D’ailleurs, il se pourrait qu’on ait des places pour leur concert des Nuits Botanique ce mardi, avec Fanfarlo et Dan San. Ces derniers pourraient d’ailleurs être leur pendant francophone. Ils ont déjà partagé l’affiche et viennent de sortir tous deux un album de bien beau niveau.

Cet album qui est évidemment éminemment agréable, sans aucun moment faible et aucun remplissage. Oui, mais pas que. Il fond dans l’oreille, et procure un bien-être dont il serait bête de se priver. Sans doute que cette cote reflète ce plaisir-là, pas intellectuel pour un sou, mais plus charnel.

http://www.myspace.com/isbellstheband

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

1 Message

  • Isbells - Stoalin’ 17 mai 2012 09:23, par Manu

    Très belle découverte grâce aux Nuits du Botanique. Et en effet tous ces petits arrangements et détails sonores étaient très bien reproduits en live sous le Chapiteau.

    repondre message

  • The Golden Son – Intermission (EP)

    The Golden Son, c’est l’autre projet de Laurent Leemans quand il n’officie pas en tant que The Imaginary Suitcase. Un album sorti l’an passé avait singulièrement étendu ce qu’on connaissait de lui. Maintenant que le périmètre de son groupe de base s’est élargi comme on l’a relaté ici, il revient sous un nom qui fleure bon l’expérimentation et la liberté artistique. La discrète sortie est un (…)

  • Benni – Bleeding Colours (EP)

    Le circuit court est un principe vertueux qui doit s’appliquer à la musique aussi. Ceci a beau être un premier EP, quatre morceaux étant sortis déjà, la surprise est un peu éventée et l’attente attisée. On attendait cette première publication d’importance pour faire un premier point et il est éminemment positif.
    Dans la lignée d’une Phoebe Bridgers qui se confirme comme la figure tutélaire (…)

  • Iliona - What If I Break Up With You

    Dans les tests automobiles, tous les articles sortent en même temps et décrivent la même prise en main du véhicule conduit en même temps par une horde de journalistes invités. Mais les impressions les plus pertinentes viennent souvent des essais longue durée disponibles plus tard. Souvent pris par la vitesse des sorties, on essaie de compiler un avis pour coller à l’actualité, on prend (…)

  • The Feather - BB

    A partir de quand un side-project devient-il le groupe principal ? Sans trancher cette embarrassante et peu primordiale question, on peut constater qu’après trois albums, The Feather, prête-nom de Thomas Médard quand il n’officie pas chez Dan San, continue à tracer son sillon en donnant l’impression de savoir exactement où il va.
    Ce BB apparaît d’emblée plus solide que ses deux (…)

  • Kevin Galland - In The Silence Between Worlds

    Les énervés suisses de Coilguns sont décidément déconcertants. Outre les albums de leur groupe de base qui a pu nous réjouir, ils ont en sus de passionnantes carrières parallèles qui s’éloignent de l’épicentre dans des directions différentes. Encore plus radicales avec Trounce, expérimentale mais plutôt pop avec Louis Jucker, presque folk avec Elie Zoé (on en reparle à la rentrée) et (…)

  • Patrick Wolf – Crying The Neck

    Après un silence de plusieurs années pendant lequel on avait accepté l’idée que la somme Sunlights and Riverlights serait notre album de référence, il était revenu en 2024 avec un EP assez emballant qui donnait l’espoir d’en entendre plus.
    Et s’il a attendu 14 ans avant de revenir avec un tout nouvel album sous le bras, ce n’est pas pour passer par la porte de service mais par la toute (…)

  • Beirut - A Study of Losses

    On vous avait déjà parlé de musiques de films, de séries, de documentaires, de spectacles de danse, d’installations et même de restaurants, on inaugure la musique de cirque. Dans le genre, difficile de faire plus raccord que le premier album de Beirut avec ses cuivres balkaniques. Mais le temps a passé et Zach Condon a consacré énormément d’efforts à sortir ce cet étroit carcan musical. Et ce (…)

  • Half Asleep – The Minute Hours

    C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
    Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)