samedi 15 septembre 2012, par
En vous faisant part de mon enthousiasme pour l’album Clear Moon paru plus tôt cette année, il avait été signalé qu’un second volet paraitrait. Voilà, c’est fait. Si le premier vous a plu, faites l’économie de cette lecture, procurez-vous cet Ocean Roar et lancez-vous dans l’écoute. J’espère que vous en ferez autant si vous découvrez l’existence de cet album.
Sans doute parce qu’il considère que la glace est brisée depuis l’album précédent, Phil Elverum entame celui-ci par le plat de résistance de près de 10 minutes, qui se présente comme une apposition de ses deux extrêmes, à savoir un chant délicat et une structure sonore épaisse. Mais, pour laisser libre cours à ses deux aspirations sans qu’elles ne s’annulent, il ne les pratique pas en même temps.
Le premier Instrumental est calme avant d’être secoué de soubresauts. C’est évidemment dans ces moments-là que l’influence d’un post-rock sombre est la plus prégnante. Il pousse encore plus loin cette inclination sur le suivant et plus direct Wave, basé sur l’euphorie, sur cette adrénaline qu’on pu nous fournir des groupes comme This Will Destroy You. Le genre de morceau qu’on aimerait entendre en concert donc.
En contrepoint, il propose aussi un morceau délicat avec voix féminines haut perchées (Ocean Roar). I Walked Home Beholding est quant à lui presque indépendant, je veux dire qu’il présente une synthèse cohérente de ce qu’on entend par ailleurs. Il serait intéressant de l’entendre hors du contexte de l’album, pour jauger s’il peut se débrouiller sans les autres morceaux. Parce qu’Ocean Roar est un album pour ceux qui en écoutent encore, et ne sera pas à son avantage lors d’une écoute absente ou en prenant un morceau de façon aléatoire. Il faut aussi pouvoir l’apprécier dans son entièreté, donc dans sa complexité et sa variété. Une réticence sur une des composantes rendra le ressenti bien plus négatif
Tout ce qu’on en a dit il y a deux mois et demi est toujours valide bien évidemment, avec ses moments forts entrecoupés de morceaux mélodiques ou bruitistes. D’une manière générale cet album est plus sombre et bruyant que Clear Moon. Le fait de reprendre du Popol Vuh n’est évidemment pas anodin, même si la pulsation du Krautrock originel est moins présente.
On écoute Mount Eerie aujourd’hui comme on écouta Soul Coughing ou Morphine, pour humer l’air du temps, pour sentir d’où vient le vent. Et tenter de deviner ce qui ressortira de ce qu’on écoute, essayer de deviner comment d’autres vont l’incorporer pour le présenter sous une forme plus légère et digeste pour ceux qui sont moins passionnés que nous par ce genre d’hurluberlu qui nous plait aussi par son intransigeance et la pertinence de son assemblage. Et puis on pourra dans quelques années dire que 2012 nous avait réservé de belles surprises.
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