lundi 15 octobre 2012, par
Branchons la prise
Il y a des certitudes qui n’ont jamais souffert la contradiction. L’intensité de David E Edwards par exemple. Après 8 albums de 16 Horsepower et 6 de Wovenhand, on ne peut plus vraiment être surpris. Ou du moins, c’est ce qu’on croit. Pourtant, ce Laughing Stalk peut se vanter de nous avoir un peu sortis de nos certitudes.
Impossible de se tromper, ceci est bien un album de Wovenhand pur jus, avec une couleur propre, assez peu de variations d’un morceau à l’autre. Mais ce qui a changé, c’est l’électricité, bien plus présente, ce qui rend In The Temple plus rock et dense. Une mélodie la sous-tend, comme si un groupe de pasteurs énervés s’acharnaient à déconstruire un vieux Cure. On sent une furie, et une construction sonore large comme on n’en a pas connu encore avec ce groupe, mais même avec des riffs de guitare, ça sent toujours plus le vieil encens que l’huile de moteur (King O King).
As Wool pourra rappeler des groupes rock gothiques hors d’âge (Christian Death, Fields Of The Nephilim, quelqu’un ?), même si la batterie sans inspiration lasse vite. De façon assez logique, ceux qu’on pourrait considérer comme suiveurs (Kiss The anus Of The Black Cat) y ressemblent assez. Et quand la prise est retirée, Closer tourne un peu en rond. Les fans de Joy Division (très proche sur l’intro de Coup Stick qui pourrait commencer un morceau de Closer) seront plus à la fête que ceux de Mika, c’est certain, mais ceux qui les suivent depuis quinze ans risquent de ne pas complétement adhérer.
Wovenhand reste un groupe habité, hanté, sombre et viscéral, mais après tant d’années de familiarité avec David E. Edwards, le côté prenant et malsain s’estompe fatalement sur album. Parce qu’en live, ses allures de chaman du sud des États-Unis (ce qui est peut-être compliqué à concevoir, je l’admets) restent captivantes. Ce virage plus rock, où la musique prend petit à petit le pas sur l’incantation, risque d’atténuer les spécificités de ce groupe tellement unique. La puissance occasionnelle ne peut masquer une inspiration qui n’est pas à la hausse.
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