mardi 28 mai 2013, par
Saison 6
Tout comme le ‘bourgeois’, le ‘mainstream’, c’est l’autre, c’est celui qu’on pointe du doigt, dont on doit stigmatiser la dérive. Les signes, c’est jouer dans de plus grandes salles. Par exemple, la première fois que j’ai vu The National, c’était dans une Orangerie qui leur convenait vraiment bien. Maintenant, c’est l’impersonnel Forest National ou le plus fameux mais un peu étroit pour eux Cirque Royal (les places sont parties à une vitesse folle) qui les accueillent. Pourtant, ils n’ont aucun ‘tube’ au compteur, ce n’est pas un groupe qu’on connait malgré soi.
On a accepté de voir Arcade Fire rencontrer le succès que leur démesure ne peut pas s’exprimer dans la confidentialité. On l’a un peu déploré pour The Killers ou Muse mais dans tous ces cas, ces groupes savent ce qu’ils font, et adaptent leur musique à leur ambition. Pas de cynisme ou d’amertume là-dedans, juste une inadéquation perdue entre ce qu’on aime et ce qu’ils font. Alors, en quoi cet album est-il plus lisse que les précédents ? C’est subtil, l’évolution s’est faite par petites étapes. Si on écoute abruptement, disons, Cherry Tree EP avant ce Trouble Will Find Me, l’écart est assez important, mais si c’est à High Violet qu’on l’accole, ce sera bien plus difficile à déceler.
Pourtant, The National garde notre sympathie, parce que le succès n’a pas vraiment fait dévier leur ligne directrice. Aussi parce que les membres ont de bien beaux projets paralléles. On ne va même pas ne pas aimer cet album. J’avais utilisé la métaphore des séries et elle peut resservir. Don’t Swallow The Cap est un de ces épisodes qui ne font certes pas avancer l’intrigue mais qui dont le générique arrive vite. Maintenant, tout le monde autour de vous regarde, et les premières saisons passent sur une télé nationale où ils côtoient des choses plus communes mais on persiste à regarder, certain de trouver de temps à autre ce petit supplément d’âme.
Les mid-tempos, les progressions d’accords, tout est là. Alors, oui, on attend parfois en vain que quelque chose se passe (Humiliation), mais on est récompensés dès que le petit riff du bien bon I Need My Girl fait mouche tout comme Fireproof. J’attendais un morceau que j’aurais envie d’écouter encore et encore. Voilà, je l’ai trouvé.
On imagine sans peine que Sea Of Love qui se termine par une belle montée d’intensité est un morceau comme ils peuvent en faire des milliers. Qu’importe, on en écouterait des milliers. Graceless semble aussi avoir mis le pilote automatique. Et puis non, ils plantent une accélération, comme une suite de banderilles qui peut se révéler fatale. Ils interrompent l’effort pour ne pas sombrer dans le chaos, or c’est cet aspect un peu anarchique qui plaisait tant quand ils se lâchaient sur le Cherry Tree, ressuscitant l’émotion des deux premiers Tindersticks. J’ai écouté cet album de multiples fois sans déplaisir parce que je savais que je ne devais pas y chercher l’émotion supérieure, mais une nouvelle série de chansons qui ne sont pas que l’écho d’émotions passées. Restez avec nous, The National !
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