jeudi 20 juin 2013, par
Mais que fait la prolixe ?
Malgré les avis convergents (le très regretté Mmarsupilami en tête), il a fallu la collaboration avec Jon Hopkins sur l’inoubilable Diamond Mine pour que je découvre vraiment King Creosote. Conscient de ce que je pouvais manquer, il fallait que je raccroche le wagon, même si récupérer sa très dense discographie (une quarantaine de publications en 15 ans) semble compliqué.
Même la perle susmentionnée a été suivie d’un EP tout aussi excellent dont vraiment peu de monde a parlé. Et puis il y en eut une poignée d’autres qui servent de base à cet album. Un EP porte le même nom pour tout simplifier. Perdre l’auditeur est un art subtil que l’Ecossais manie avec maestria. Pour l’anecdote, il prête aussi sa voix au dernier morceau du (forcément) fort bon album de Jon Hopkins.
Little Man est un bon gros rock qui tache un peu mais servi avec un cœur gros comme ça. Sa voix poussée ainsi n’est pas toujours loin de Neil Young. Mais ce n’est qu’un apéritif, cette engageante mise en bouche n’était pas très éclairante sur ce qui va suivre. Il faut attendre le troisième morceau pour que l’album jusque-là agréable décolle vraiment. Doubles Underneath a un feeling pop vraiment délicieux, mais sans la fragilité usante de la pop indé. Ce que des groupes comme Ra Ra Riot, Spinto Band ou Claps Your Hands Say Yeah ne sont plus en mesure de faire. L’Ecossais garde une vraie fraîcheur, avec une force de frappe évidente. On tient un des morceaux pop de l’année et on est encore loin d’avoir fait le tour de cet album.
Parce qu’en plus, il y a le gigantesque Ankle Shackles. Le genre de morceau qui démarre vraiment alors qu’il n’avait même pas besoin de ça. Une bonne chanson touchante peut se transcender. Ses 11 minutes passent comme rien, comme toutes ces grandes chansons qu’on espérerait éternelles. Ample, orchestré, c’est une vague infinie, dont le ressac sans fin nous chatouille les orteils sans lassitude, qui nous font chercher la sixième étoile sur l’ipod.
En sortant de cette pièce maitresse, pas de brusque descente à attendre, le langoureux The Right Form est là pour assurer la transition. Et puis ce n’est pas fini, on a encore droit à la mélancolie de Near Star Pole Star, le joli et poignant I Am Cellist. Sur tout l’album, on constate à quel point, mine de rien, King Creosote est un grand chanteur, aussi à l’aise pour distiller de l’émotion ou accompagner des morceaux plus enlevés (What Exactly Have You Done ?).
Une prolixité pareille, ça a quelque chose d’intimidant, d’un peu décourageant. Pourtant, quand on découvre un album pareil, on ne peut être que soufflés par tant d’allant et de fraicheur. Dans le genre, sans doute un des albums de l’année. Ce qui ne nous empêchera sans doute pas de reperdre sa trace encore et encore. Mais si vous voulez reprendre gout à une pop pas prétentieuse et entendre un des grands morceaux de l’année, le passage par cet album s’impose.
C’est sans doute une contradiction, mais on peut conserver un excellent souvenir d’un album ancien tout en confessant avoir loupé ses successeurs. Heureusement, le hasard (et les distributeurs) sont là pour nous remettre sur le droit chemin. Issu d’une scène suisse dont on ne cesse de (re)découvrir la profondeur, ce groupe de Lausanne nous offre une nouvelle expérience sonore.
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