mercredi 24 juillet 2013, par
N’ayez pas peur
Annoncé comme un album cintré et atypique (précédé de la flateuse réputation d’Où Poser Les Yeux), je me suis lancé sur La Paroi de Mon Ventre comme on appréhende un Xiu Xiu, en prenant une grande respiration, en serrant un peu les dents. Il a fallu les desserrer pourtant, pour faire place au sourire qui voulait poindre. Alors, oui, ce que fait le Belge Carl Roosens n’est pas de la variété, il y a très peu de chances qu’il accompagne la prochaine tournée des Enfoirés, mais je ne suis pas prêt à ressortir de cet album atypique et attachant.
Le temps va me manquer pour parler de l’hénaurme triple album de Mendelson (ou alors dans très longtemps) mais cette version plus compacte (quoique peut-être un peu longue déjà si on veut pinailler) se place dans la même lignée. Le Français est en effet un point de comparaison assez évident, même si le spleen n’est pas ce qui ressort le plus ici. Dans la même étrange famille, on pourra croiser cet album étrange de Bertrand Burgalat articulé autour de la diction et du ton si particulier de Michel Houellebecq. Pour qu’il n’y ait pas de chant, il faut que les textes soient forts, et ceux-ci le sont.
Il y a peu, je vous avais parlé du manque d’enthousiasme que m’avaient procuré les parties déclamées du pourtant bien fichu par ailleurs album de Filiamotsa. Parce que quand on nous parle en français, on écoute immanquablement et la connivence s’établit ou pas. Comme j’ai pu être séduit par le naturalisme cru et narquois de Florent Marchet et Arnaud Cathrine. J’aime cet humour froid, ce faux détachement, ce naturalisme, en littérature comme en musique. Sans le savoir, j’étais un bon client pour Surfaces Vides. C’est comme ça, je sais qu’il suffirait d’une petite différence, pour que la fin de ce morceau soit irritante. Mais non, comme avec un Arnaud Fleurent-Didier, il parvient à nous tirer vers lui, à capter notre attention. Sans doute grâce à cet équilibre ténu mais maintenu entre fulgurance et portnawak (jamais atteint ici) sur La Petite Porte à Gauche.
La musique qui accompagne la déclamation n’est ni de la chanson, ni de l’électro, ni du post-rock comme dans les exemples cités plus haut. Ce n’est pas non plus du hip-hop, et on ne s’aventurera pas à parler de slam (ce qui en est le plus proche pourtant). Elle colle en tout cas au texte, n’est vraiment pas illustrative mais a visiblement été conçue avec le texte. Lequel peut être livré de façon très expressive, avec un ton singulier, à la seconde personne et avec quelques traits d’humour froid en plus (Camera Froide).
Sans que je sache trop pourquoi, cet album m’a donné le sourire. Je dois préciser que ce n’était aucunement narquois. Ce garçon a l’air impliqué et intense, tout comme ses textes et la musique de ses Hommes Boites. C’est finalement tout ce que j’en retiendrai. J’ai eu le même plaisir un peu étrange que j’ai à lire Michel Houellebecq. N’ayez donc pas peur, soyez curieux, c’est le sens de cet article.
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
Accompagné de Maxime Rouayroux, (...)
Il arrive qu’on voie débouler un artiste sans rien savoir de lui. C’est un peu ce qui s’est passé avec ce premier album de Matthieu Hubrecht dont on sait toujours peu en fait. Sa musique aussi arrive un peu masquée. On pense d’abord avoir affaire à une chanson française aux sonorités années ’80 mais on remarque vite que c’est plus pointu que ça
L’instant Fragile est dans cette veine eighties, avec une (...)
Les retours d’albums de Miossec nous forcent toujours à nous regarder nous-mêmes. Il y a en effet tant de sincérité chez lui et une constante envie de faire le point qu’on a toujours été poussés à faire de même. On a changé depuis qu’on l’a découvert, on est moins jeunes, moins marrants, plus posés et il y a belle lurette qu’on ne beugle plus ses chansons aux petites heures.
Au niveau des marottes, rien n’a (...)
Il me faut commencer par une confession : j’ai un peu de mal avec les accents québécois trop typés ou le créole en chanson (seulement en chanson, je précise...). C’est comme ça donc cette écoute commençait par un petit handicap. Alors on se lance, histoire de voir si on arrive au bout d’une écoute. Et ça marche, alors on recommence, encore et encore.
Pourquoi ? Parce que le ton pop est parfaitement (...)
Dix ans déjà et maintenant dix critiques de notre côté (on se place tout de même comme exégètes officieux), c’est le temps de la célébration. Pour fêter ça, ce n’est pas vraiment le genre de la maison de sortir une best-of pour les fêtes. Par contre, profiter de l’occasion pour retrouver des collaborateurs qui l’ont accompagné, c’est bien plus le genre de Laurent Leemans. Regarder dans le rétroviseur pour (...)
D’accord, un premier EP qui plait, c’est un bon début mais confirmer avec un bon premier album, c’est l’étape cruciale d’une carrière. Donc Sïan Able (anagramme de son vrai nom Anaïs Elba) passe la vitesse supérieure et son talent ne se dilue pas dans la taille d’un album.
On l’a déjà dit, les styles plus soul ne sont pas nécessairement ceux qu’on goûte le plus. Pourtant on l’avait tout de suite adoptée, (...)
On n’a pas deux fois l’occasion de faire une première impression. Fort de ce poncif, le Bruxellois Antoine Van den Berg entame son troisième EP avec fracas, comme une version (forcément) soft d’A Place To Bury Strangers, déflagrations comprises. La voix est clairement l’argument principal mais ce n’est fort heureusement pas le seul. On peut donc convoquer sans honte des références au bel organe parce (...)
Sans qu’on sache trop pourquoi ni comment, les artistes francophones deviennent plus nombreux en ces colonnes. Et logiquement, la diversité est au rendez-vous. Si on vous a parlé de ceux qui brouillent les frontières et les genres, ce jeune artiste belge se situe dans un versant résolument traditionnel. Mais n’allez pas en déduire que c’est daté, le son et les influences un peu bossa viennent (...)