vendredi 11 août 2006, par
Aborder Benjamin Biolay sans préjugés est très dificile au vu des réactions épidermiques suscitées par le personnage. Il n’y a quoi voir le dégoût affiché par un Rudy Leonet par exemple (qui apprécie Indochine, allez comprendre...). Mais n’ayant jamais entendu rien de lui, ni vu de concert, je me sens d’attaque. Avec un peu d’appréhension, celle d’aborder un Saez pour trentenaires (ce qui semble assez inconcevable je l’accorde) par exemple.
La première impression est d’écouter du Miossec sans le côté séminal, bestial et sincère des trois premières oeuvres du breton. Dans mon dos semble sorti du récent 1964 (qui est de loin le moins bon). Il semble cependant que sur ce titre le dandy se fait plus personnel , moins racoleur.
Il est aussi encore très proche de Mendelson par la voix et le recueillement (même si tu pars), en moins misérabiliste cependant.
Quand ça se veut plus rock (Ma chair est tendre et son titre susurré dans une voix presque mimétique du bon Christophe - Miossec, pas celui des mots bleus), c’est tout juste du calibre de Vincent Venet avec un rien plus de souffle (mais c’est comme si je disais que Cali est plus poignant que Marc Morgan, j’enfonce des protes ouvertes..)
Mais le reste de l’album se laisse écouter avec une pointe d’agacement comme un programme de tour de France avec trop d’étapes de plaine sans échappée (Ground zero bar, Paris/Paris, Tant le ciel était sombre). En effet, on se retrouve face à un cuisinier qui use de ses trucs pour relever des plats pas exceptionnels. Certaines fois, on met plein de choses (rythmes mode, ska basique, violons en pagaille) pour cacher l’indigence de la composition (Cours !, Paris/paris), voire le refrain qui m’évoque (serais-je tordu) l’antique ’Cold’ de The Cure. Parfois, plus rarement, c’est du strict mauvais goût comme les choeurs d’enfants sur la fin de Me voilà bien par ailleurs de fort honnête facture ou le dégoulinant Adieu triste amour. Passez ce morceau si vous avez les nerfs fragiles ou un taux de cholestérol inquiétant. J’apprends en outre que c’est en duo avec Françoise Hardy. Une telle répulsion n’était donc pas due au hasard.
Les orchestrations semblent vouloir rééditer Melody Nelson de Gainsbourg ou Atom heart mother de Pink floyd à chaque morceau. Les arrangements des Tindersticks pour eux-mêmes ouJean-Louis Murat sont plus sobres et efficaces (plus classieux en un mot).
Il est très concevable que tout ceci puisse irriter au plus haut point. Mais Avec un semblant d’objectivité, on passe un ben moment de grande prétention qui atteint parfois sa cible mais qui témoigne d’un culot trop rare et d’une ampleur qui n’ont pas d’équivalent dans la chanson française pour se voir négliger. (M.)
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