vendredi 14 novembre 2014, par
Février... La playlist 2014 de beaucoup d’entre nous débutait son périple à Seattle avec le très bon Brothers and Sisters of the Eternal Son de Damien Jurado, il semblerait que ce soit également de Seattle que nous viennent les échos de la dernière étape de l’année, avec le magnifique Cartographer/Explorer d’Ormonde.
Ormonde... Un exemple lumineux de ce que peut produire une parfaite synergie...
Synergie entre l’immense don vocal d’Anna-Lynne Williams et la totale maîtrise du producteur et multi instrumentiste Robert Gomez, Texan injustement méconnu , à moins qu’il ne soit volontairement discret.
D’ailleurs, on aimerait bien que le talent d’Anna-Lynne soit apprécié à sa juste valeur. Avec ce timbre de voix si intimiste et troublant qui déambule voluptueusement entre les registres vocaux d’une Hope Sandoval ou d’une Elisabeth Frazer, elle illumine littéralement de ses chants les divers albums auxquels elle a participé... il suffit pour s’en convaincre d’écouter des choses comme Different Stars et Having » de Trespassers Williams, à moins que les productions plus intimistes ne vous tentent, auquel cas « China Mountain » ou « Until » de Lotte Kestner, son projet solo, devraient vous offrir beaucoup de joie. Les gens de Chemical Brothers ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en l’invitant à déposer sa voix sur un Hold Tight London pleinement réussi. Quant au talentueux Robert Gomez, il a travaillé avec et pour des gens comme Sarah Jaffe, Norah Jones, Phillip Glass... De solides références, somme toute...
La complémentarité de leurs compétences respectives nous avait déjà frappé avec l’album Machine, sorti en 2012, mais ce merveilleux Cartographer/Explorer devrait cette fois, en admettant que le monde soit juste et bien fait, leur accorder la reconnaissance qu’ils méritent.
Évidemment, on pourrait s’amuser à démonter l’album fragment par fragment, déboîter le puzzle pièce par pièce afin d’en décortiquer l’âme, mais cet ensemble harmonieux mêlant de subtiles alternances de Folk intello et d’une espèce de Trip-Hop introspectif aux cadences à la fois apaisantes et troublantes, méritait qu’on l’aborde dans sa globalité, qu’on l’affronte comme on affronte les délices d’un demi-sommeil, dans un état hypnagogique propre au spleen nocturne, là où l’ambiguïté spatio-temporelle se discerne en demi-teintes, en jouant les entre-jeux.
Il suffit donc de lâcher prise, de se laisser porter par ces mélodies qu’on dirait découpées avec soin dans du papier de soie, agréablement continues, sans hit potentiel, mais sans temps mort non plus, pour trouver cet album terriblement envoûtant.
Ensuite ? Tout se termine doucement, sans heurt, à l’image de ces aubes calmes où les angoisses et les désirs s’effilochent une fois revenus l’aurore et ses bruits de rue.
Cartographer/Explorer gagnerait à être rangé aux côtés des albums de The Earlies, ce groupe americano-britannique qui mêlait avec maestria la fluidité des élans Americana des uns avec les envolées nettement plus européennes des autres.
On termine donc cette année comme on l’avait entamée, impeccablement, en écoutant cet album regorgeant de fort jolies choses titillant de soudaines envies de flâneries cérébrales, parfois bienveillantes, parfois absconses, de celles qu’on découvre vers trois heures du matin,au gré d’une quelconque insomnie, accoudé au balcon d’un appartement avec vue sur les Olympic Mountains, ou le Puget Sound, ou alors chez soi, plus prosaïquement.
Quoiqu’il en soit, on peut désormais vous souhaiter d’agréables nuits, et qu’elles soient sporadiquement placées sous le signe du demi sommeil ne devrait dorénavant plus vous effrayer, si vous possédez cet album du moins.
Résumons nous, ça s ’appelle Cartographer/Explorer c’est fait par Ormonde, c’est sorti ce 3 novembre chez Gizeh Records, et je tiens là un de mes albums de l’année.
Bonjour chez vous
https://soundcloud.com/gizeh/sets/ormonde-cartographerexplorer
Généreuse dans l’effort, Lana Del Rey l’est certainement, et il faut l’être pour livrer aussi régulièrement des albums aussi consistants. Surtout s’ils sont entrecoupés de recueils de poésie. Maintenant, on peut s’affranchir d’un rappel des faits précédents. On remontera juste jusqu’au formidable Noman Fucking Rockwell ! pour signaler qu’il y a eu deux albums jumeaux en 2021 qui l’ont vu à la fois revenir à (...)
Quand on retient un nom des années et des centaines de critiques plus tard, c’est plutôt bon signe, non ? C’est ce qui s’est passé avec Nadine Khouri dont l’écho de The Salted Air résonne encore à l’heure de découvrir cet Another Life. Ce n’est pas qu’il était flashy pourtant, ou que le style soit si singulier. Mais les morceaux font leur chemin tout seuls. Il y a des artistes qui font ça mieux, c’est comme (...)
Avec 17 ans de bons et loyaux services, ce site a forcément vécu bien des découvertes d’artistes à leurs débuts. Certains ont filé à travers les filets lâches de la mémoire, d’autres sont restés vissés en permanence dans le champ des radars. Evidemment le groupe allemand Get Well Soon fait résolument partie de la seconde catégorie. On a suivi de très près leur évolution, concert après album. On sait aussi (...)
Les albums de Lana del Rey se succèdent à une telle vitesse qu’il n’est plus vraiment nécessaire de replanter le décor. Il ne s’est écoulé que sept mois depuis le précédent. Ce rythme de publication permet d’essayer des choses. Evidemment, le risque de dispersion est réel mais on ne doit rien déplorer dans ce secteur non plus. Notons aussi qu’un bon tiers de ces morceaux ont été composés il y a quelques (...)