lundi 9 novembre 2015, par

Dans le jeu des familles, il n’est pas trop compliqué de situer Esmerine. Groupe instrumental de Montréal signé chez Constellation, fondé par d’anciens membres de grands groupes, la violoniste Rebecca Foon (Silver Mt Zion) et le percussionniste Bruce Cawdron (Godspeed You ! Black Emperor), recevant ici le renfort de la grande Sophie Trudeau (des deux groupes précités), tout s’empile pour qu’on ait envie d’en parler. Ajoutez à ça que le groupe est devenu au fil des années un quintette ave notamment Jamie Thompson (The Unicorns, Islands) et les papilles sont mises à contribution. Mais ce groupe est plus qu’un side-project comme l’est Bell Orchestre pour les membres d’Arcade Fire.
Surtout qu’on avait déjà découvert sur leur précédent Dalmakune personnalité propre. Notamment parce qu’ils ont eu la bonne idée de collaborer avec des musiciens turcs, donnant une coloration plutôt unique à ce genre très balisé. On attend tout de même un peu d’action et elle vient bien vite. Quand le premier morceau se fend en son milieu, la mâchoire pend déjà bien bas et cette poussée a de la profondeur, de la gravité, de l’exultation, comme quand Godspeed monte sur ses grands chevaux. Mais sans guitare puisqu’une certaine douceur est toujours privilégiée.
On avait décelé sur l’album précédent quelques moments d’intensité entrecoupés de beaucoup de plages trop placides. Certes, on retrouve un peu ce schéma ici mais non seulement les hauts faits sont un rien plus nombreux, mais les moments où la pression retombe sont aussi plus gratifiants.
A part le morceau initial proposé ci-dessous, les moments plus spectaculaires se retrouvent au détour de la guitare (oui, il y en a donc) de 19/14 ou quand Funambule (Deus pas de Serein) repart sur un mode oriental. Comme on l’a dit, les plages plus calmes ne sont plus de longs intermèdes presque ambient mais sont plus solidement charpentés. Certes, le placide A River Runs Through The City se présente presque comme une musique de film, mais son côté faussement répétitif que ne serait pas renié par Tortoise. Et la conjonction de marimbas (ou de cloches ?) et de contrabasse sur My Mamma Pinned a Rose on Me est un mélange bien envoûtant.
Il faut résister à la tentation de ne voir chez Esmerine un Godspeed version light. Parce que cette très relatve légèreté, ces morceaux plus courts et directs ont aussi leur charme, leur personnalité complexe, une subtilité et une constance qui les éloigne de l’esprit volontiers bruitiste de l’insurpassable référence. Lost Voices semble leur album le plus équilibré à ce jour, indispensable aux amateurs de musique instrumentale forte.
http://www.esmerine.com/
http://cstrecords.com/esmerine/
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