mercredi 10 août 2016, par
Il y a des artistes qui irradient tellement que leurs prestations scéniques seules peuvent faire prendre conscience de la profondeur de leur discographie. Si les disques de Natasha Kahn sont presque toujours gratifiants, ils se révèlent sur scène. Gageons que ce sera encore le cas pour son quatrièmeexercice studio qui sur le papier ne respire pas la joie de vivre.
L’histoire est on ne peut plus youplaboum puisqu’on y parle d’une femme abandonnée sur l’autel par un homme un peu décédé dans un accident en se rendant à son mariage. Elle décide pourtant de faire sa lune de miel seule pour se rendre compte que la seule personne qu’elle puisse épouser et aimer, c’est elle-même, ce qui lui permet de passer par les phases classiques du deuil.
C’est donc un récit à la première personne, de la lumière aux ténèbres à la lumière. Fort logiquement, il commence par l’attente, avec I Do, situé la veille de l’événement. Très calme, simple, un simple arpège soutient la voix qui prend plus de place que d’habitude, une tendance qui se confirme dans sa discographie et qui est prépondérant ici. Joe’s Dream (rêve prémonitoire et mauvais pressentiment) est un peu lent pour continuer un album encore une fois froid et distant de prime abord.
Pour que cette histoire puisse être touchante sans sombrer dans un pathos qui pourrait la desservir, il faut tout le talent de Natasha. Tout d’abord, sa voix est mise en évidence, sans qu’elle ne tombe dans la démonstration. Et si elle peut monter bien haut (sur le très sombre et beau In God’s House), elle peut se contenter de susurrer (Widow’s Peak). Les mélodies ensuite sont toujours très belles, voire occasionnellement renversantes. Et puis il y a cette sobriété presque hiératique nécessaire pour ne pas tomber dans le mélo. I Do aurait tout pour se retrouver du mauvais côté du kitsch mais ce ne sera pas le cas. Parmi les plus franches réussites, Close Encounters et Honeymooning Alone sont deux beaux exemples d’un minimalisme impeccable.
On retrouve aussi ce qui se rapproche le plus d’une chanson d’amour (If I Knew) et une note d’espoir franche avec la simplicité (une basse et c’est tout) d’I Will Love Again. La lenteur est logiquement presque généralisée, seul le logique single éclaireur Sunday Love est plus rapide.
Difficile de faire plus attachant que la charmante Natasha Kahn. Il semble cependant que ses albums soient de moins en moins spectaculaires, de plus en plus hermétiques en première écoute. Le fond et la forme sont ici étroitement mêlés, le traitement sobre faisant la force de cet album, évitant pathos et donnant les pleins pouvoirs à sa belle voix. Mais il s’agit aussi de son album le plus âpre, sincère et profond à défaut d’être clinquant.
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