Accueil > Critiques > 2016

Uniform Motion - 5

mardi 16 août 2016, par marc


Dans les concours canins, on récompense les candidats en fonction de leur capacité à remplir les critères d’excellence de leur race. En musique, il ne serait pas inutile d’utiliser les mêmes critères, histoire de ne pas mettre sur le même pied, disons, un album de reggae ou de metal. Notons qu’une des principales limitations de ce système est qu’on passe à côté d’une des plus passionnantes sources de plaisir, à savoir la savante hybridation, le plaisir de l’inattendu.

On a un peu les deux ici pourtant, avec un style très pur et un groupe qu’on découvre. Pourtant, le quintette franco-anglais sort son cinquième album. Très imprégné de son éthique DIY , très conscient des enjeux économiques et artistiques d’une période charnière de l’industrie musicale, il présente un album très cohérent qui reprend plein de choses qu’on a aimé et aime encore.

Le très bon premier morceau qui sert de carte de visite à cet album ne laisse pas trop de doute, on est dans de l’indie pur jus. Plus proche des canons canadiens et de certains terroirs américains (Brooklyn, Portland…), il n’oublie pas qu’un bon album ne peut être fait que de bonnes chansons. Dans les cousinages qui vont vous mettre à l’aise, on peut penser à de lointains amis de Rural Alberta Advantage. On en retrouve le coup de batterie franc et léger qui articule l’ensemble, la voix éraillée ne faisant cependant pas partie de leur attirail. Par contre, ils ne reculent pas devant un peu de distorsion sur un I Don’t Know You qui propose aussi une belle remontée. Mais ils ne dépassent pas un certain seuil, pas d’embrasement final de type post-rock en vue.

On pense aussi aux moments plus intimes de King Creosote ou à un genre de Girls In Hawai première époque qui chanterait proprement en anglais (I Don’t Know a Thing). Pour réussir ce genre de chose, il faut subtilement doser la mélancolie et l’énergie, ce qu’ils font avec une voix un rien plaintive, une batterie toujours présente, une mélodie limpide et un petit orgue en fond. Il y a tout ça sur My Ride With The Enemy et la mélancolie des claviers permet de belles choses tristes comme The Dawn That Hit The Summit qui peut compter sur un chorus en accords mineurs tout-à fait délicieux. Ces chorus pouvant d’ailleurs être en liberté (The White Shirt) et nous rappeler pourquoi on aime The Notwist (Walk Away).

Si on suppose que le public qui avait succombé à tout ce qu’on vient de citer existe encore, il aurait tout intérêt à se pencher sur le cas de ce groupe. Impeccable selon les standards d’un style bien défini, ils arrivent à créer les morceaux qui entérinent leurs ambitions.

http://uniformmotion.net/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Mildfire - Kids In Traffic

    Pourquoi les genres disparaissent-ils ? Ces symphonies de poche tellement présentes et attachantes ont un peu perdu de leur lustre et c’est un peu dommage. Parmi ces orfèvres, citons The Annuals, Choir of Young Believers, Musée Mécanique, Fanfarlo ou Efterklang parce qu’il est toujours bon de se rappeler de bons souvenirs. Dans cette veine, on avait spécialement apprécié Einar Stray et on ne (...)

  • The Smile - Wall of Eyes

    Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom Skinner au (...)

  • Maxwell Farrington & Le Superhomard - Please, Wait...

    On ne peut pas dire que la paire formée par Maxwell Farrington et Le Superhomard (le producteur français Christophe Vaillant) se repose sur les lauriers d’un premier album remarqué. Après un EP il y a deux ans et une tournée intense, voici déjà le second album en peu de temps sur le toujours excellent label Talitres.
    Australien établi à Blinic en Bretagne, Maxwell Farrington propose sa belle voix de (...)

  • Heeka - The Haunted Lemon

    Il faut se méfier des avis trop rapides, des débuts d’albums trompeurs. Ce sur les morceaux initiaux du premier album de l’artiste flamande (née Hanne Hanegraef) installée dans le sud de la France doivent beaucoup aux voix, dédoublées. Quelque part entre Camille et Agnes Obel, ces morceaux intrigants et séduisants à la fois ne représentent cependant qu’une facette d’Heeka.
    Une fois mis en confiance, (...)