Accueil > Critiques > 2016

Monolog - Morphée Cabaret Troopers

mardi 20 septembre 2016, par Marc


Certaines formes de revival sont plus authentiques que d’autres. Le cas du Niçois Pierre Maury n’a jamais laissé planer le doute. Si la différence entre l’hommage et le pastiche est dans l’intention, on avait détecté sur ses premiers EP’s une belle variété et un amour véritable pour la musique sombre fortement cold et très teintée par une certaine vision des eighties. Même s’il est plus proche des sources originelles, je me surprends à préférer Monolog à ceux qui ont pris sans vergogne la direction des stades comme Editors ou Interpol. Parce que souvent, les œuvres des artisans sont plus sincères que celles des industriels. Logiquement, la maitrise d’un artisan est en lente mais perpétuelle augmentation, c’est ce qu’on constate ici aussi.

Et on le voit d’emblée avec l’imparable mélodie de Like A Man qui met dans de bonnes dispositions. Le genre a beau être balisé, on apprécie qu’il s’incarne dans des morceaux forts. Et si le second morceau part sur un mode plus langoureux, on constate une certaine densification qui se confirmera tout au long de l’écoute.

Oui, on pense toujours à Bauhaus ou Sisters of Mercy sur Velvet Glove et ça fait du bien aussi parce qu’il y a de la puissance là-dedans. On croirait presque que Doktor Avalanche ait été emprunté pour l’occasion. On a même le synthé typique pour appuyer le refrain. Fort heureusement tout ceci est bien trop dark pour être de la synth-pop chevelue.

D’une manière générale, la voix est plus convaincante quand elle s’amalgame au reste comme sur Hard To Console. Au rayon des choses qui plaisent, on note les guitares en contrepoint de Sad Sleep, Riders qui dégage une belle mélancolie noire ou Gasoline en long fleuve pas si tranquille.

Comme sur ce qu’on avait déjà entendu de lui, c’est une variété bienvenue qui repose sur plusieurs sources concomitantes qui fait plaisir, une dévotion totale à un genre (c’est même publié par Unknown Pleasures Records) sous toutes ces coutures. Evidemment, on devine que c’est un public amateur déjà initié qui aura le plus de plaisir mais les morceaux tiennent suffisamment tout seuls pour que tout le monde y trouve son compte. La passion gratifiante quoi.

http://www.monolog.fr/

    Article Ecrit par Marc

Répondre à cet article

  • Nadine Khouri - Another Life

    Quand on retient un nom des années et des centaines de critiques plus tard, c’est plutôt bon signe, non ? C’est ce qui s’est passé avec Nadine Khouri dont l’écho de The Salted Air résonne encore à l’heure de découvrir cet Another Life. Ce n’est pas qu’il était flashy pourtant, ou que le style soit si singulier. Mais les morceaux font leur chemin tout seuls. Il y a des artistes qui font ça mieux, c’est comme (...)

  • Get Well Soon - Amen

    Avec 17 ans de bons et loyaux services, ce site a forcément vécu bien des découvertes d’artistes à leurs débuts. Certains ont filé à travers les filets lâches de la mémoire, d’autres sont restés vissés en permanence dans le champ des radars. Evidemment le groupe allemand Get Well Soon fait résolument partie de la seconde catégorie. On a suivi de très près leur évolution, concert après album. On sait aussi (...)

  • Lana Del Rey - Blue Banisters

    Les albums de Lana del Rey se succèdent à une telle vitesse qu’il n’est plus vraiment nécessaire de replanter le décor. Il ne s’est écoulé que sept mois depuis le précédent. Ce rythme de publication permet d’essayer des choses. Evidemment, le risque de dispersion est réel mais on ne doit rien déplorer dans ce secteur non plus. Notons aussi qu’un bon tiers de ces morceaux ont été composés il y a quelques (...)

  • PLEINE LVNE - Heavy Heart

    Faut-il remplacer les artistes, leur trouver à tout prix des substituts ? Non évidemment, ce serait négliger leur singularité. Pourtant, on peut trouver dans une découverte le prolongement de ce qu’on a autrefois aimé ailleurs. Ne tournons pas inutilement autour du pot, le Lyonnais Nicolas Gasparotto nous ramène immédiatement auprès du regretté Nick Talbot (Gravenhurst) et il va de soi que c’est une (...)

  • MHUD - Post Parade

    Il arrive qu’on voie débouler un artiste sans rien savoir de lui. C’est un peu ce qui s’est passé avec ce premier album de Matthieu Hubrecht dont on sait toujours peu en fait. Sa musique aussi arrive un peu masquée. On pense d’abord avoir affaire à une chanson française aux sonorités années ’80 mais on remarque vite que c’est plus pointu que ça
    L’instant Fragile est dans cette veine eighties, avec une (...)

  • Ladytron - Time’s Arrow

    Il ne faudra pas beaucoup de temps pour renouer avec Ladytron, quelques secondes ont suffi pour que cette voix et son écho qui maintient un peu de mystère reviennent avec leur charriot de souvenirs (c’est comme un charriot de desserts mais plus nostalgique).
    C’est leur ADN, leur marque de fabrique depuis qu’ils ont émergé avec l’electroclash. On ne s’étonnera donc pas de retrouver des sons plus (...)

  • Projet Marina - Loin des Dons Célestes

    On le répète même si c’est une invitation implicite au remplissage de boîte mail, découvrir les artistes en ligne directe est toujours un plaisir. Et c’est ainsi qu’on a rattrapé avec leur second album le train du duo français.
    Il pratique une musique d’hybridation, entre veine froide électronique des eighties et tentations plus modernes. Mais s’ils revendiquent une inspiration de Tuxedomoon dont le (...)

  • Ultra Sunn - Night Is Mine (EP)

    Vous commencez à nous connaître, vous savez qu’on ne recule jamais devant une petite dose de darkwave bien sentie. Musique de niche et de passionnés, elle garde une étonnante vivacité. Le duo mixte du jour (Sam Hugé et Gaelle Souflet) nous vient de Bruxelles et sort un premier EP sur le label espagnol Oraculo Records et est édité par Jaune Orange.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils maîtrisent (...)