Accueil > Critiques > 2016

Piano Club - Fantasy Walk

lundi 24 octobre 2016, par Marc


On connaissait évidemment Piano Club, le versant pop d’un collectif liégeois Jaune Orange qui a depuis bien diversifié ses sorties. Le groupe d’Anthony Sinatra a toujours fait montre d’une volonté plus pop, surtout par rapport à ses formations proches Hollywood Porn Stars et My Little Cheap Dictaphone. Après deux albums bien reçus et qui montraient une progression certaine, ils prennent ici plusieurs tailles d’un coup. Notamment parce qu’après le dance-rock, ils assument leurs envies et les abordent avec une plus grosse patate.

Splash place d’emblée le contexte et ne laisse que peu de doute. La basse est ronde et électronique et constitue une belle rampe de lancement au plus discoïde Comets qu’on connaissait déjà. C’est évidemment assez flashy et devrait constituer un bon moment en concert.

Evidemment, comme ils s’assument et s’engagent à fond, tout le monde tracera sa ligne rouge et décidera de ce qui la traverse. Christine a tout de même un parfum des années ’80, comme s’il était impossible de faire de la pop synthétique sans y ressembler. Les chœurs sont assez sucrés mais c’est parfaitement dans l’ambiance, même si on conçoit que c’est un peu trop connoté pour plaire à tout le monde. Pareil pour la mélodie un peu trop gentille de Houdini’s Challenge. Il faut la folie dure d’un Of Montreal pour s’en sortir (et encore, pas toujours…).

Mais ce ne sont que des pinaillages de détail. Pour que ça marche en plein, il faut donc que ça se trémousse et c’est ce qui se passe sur 16th Floor, avec une déclamation qui sent aussi la fin des seventies et des chœurs qui fleurent bon l’aérobic. Il y a d’autres raisons de gigoter comme The Walk qui est tout de suite familier et nous donne une idée de ce que ferait Paul Simon s’il était soudain frappé par la fièvre du samedi soir.

Esther est un de ces morceaux tristounes et solides à la fois qui rendent l’écoute de l’album en entier non seulement envisageable mais conseillée. Vu le style pratiqué, surtout boosté par des singles catchy, ce n’est pas anodin. Pareil pour Crocodiles qui aurait pu se trouver dans une version moins chargée d’amphétamines sur un de leurs deux premiers albums.

Sans doute que pour mettre toutes les chances de votre côté, la consommation d’un petit mojito peut aider à se laisser aller. Une fois l’était requis atteint, Piano Club est maintenant en position de prendre le reste en charge, c’est-à-dire produire la bande-son d’une fête très connotée eighties mais livrée avec suffisamment de peps et d’écriture pour que l’expérience soit gratifiante.

    Article Ecrit par Marc

Répondre à cet article

  • Dan San - Grand Salon

    On ne va pas se mentir, il faut une petite adaptation à l’entame de ce nouvel album de Dan San. Eux qu’on avait vu évoluer d’un folk ample à un folk puissant avant d’incorporer des éléments plus psychédéliques. La trajectoire vers toujours plus de légèreté ne sera pas infléchie par ce troisième album.
    Les voix ne sont plus aussi typées, même si elles poussent encore parfois à l’unisson. On pense même (...)

  • KermesZ à l’Est - Octophilia

    On a beau tenter de les combattre, les préjugés ont la vie dure. Quand on se lance dans l’écoute d’un album qui revendique des sources festives d’Europe de l’Est et qu’on voit certaines photos de presse, on s’attend quelque chose de plus bordélique qui du reste aurait pu coller au genre. Mais d’emblée, les transitions et la puissance ne laissent aucun doute, c’est une grosse maitrise qui est à l’œuvre, (...)

  • The Imaginary Suitcase - Alone, we go faster. Together, we go further (...)

    Dix ans déjà et maintenant dix critiques de notre côté (on se place tout de même comme exégètes officieux), c’est le temps de la célébration. Pour fêter ça, ce n’est pas vraiment le genre de la maison de sortir une best-of pour les fêtes. Par contre, profiter de l’occasion pour retrouver des collaborateurs qui l’ont accompagné, c’est bien plus le genre de Laurent Leemans. Regarder dans le rétroviseur pour (...)

  • Sïan Able - Veni Vidi Sensi

    D’accord, un premier EP qui plait, c’est un bon début mais confirmer avec un bon premier album, c’est l’étape cruciale d’une carrière. Donc Sïan Able (anagramme de son vrai nom Anaïs Elba) passe la vitesse supérieure et son talent ne se dilue pas dans la taille d’un album.
    On l’a déjà dit, les styles plus soul ne sont pas nécessairement ceux qu’on goûte le plus. Pourtant on l’avait tout de suite adoptée, (...)