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Drab Majesty - The Demonstration

mercredi 8 février 2017, par Mathusalem


Dilemme existentiel… Se doit-on de ne poster que des œuvres proposant une quelconque innovation, fut-elle présente en quantité infinitésimale, quand on cultive la curiosité comme une vertu cardinale ?

Parce qu’alors cette publication ne mériterait pas sa place… Quoique si, finalement, car même si on tourne en rond avec le revival 80’s depuis une bonne vingtaine d’années, The Demonstration mérite pourtant qu’on y décoche deux tympans attentifs.
Drab Demure, c’est le nom du personnage Pierrotlunaire que s’est fabriqué Andrew Clinco, de Los Angeles.

Tout seul, à ses heures perdues (il frappe sur des tambours dans plusieurs formations), notre talentueux multi-instrumentiste lâche la bride de son imaginaire, il en sort parfois de petites mélodies évanescentes qui semblent dotées d’une vie propre, comme des rêves éveillés que Deb s’empresse de capturer, les figeant sur un support solide quelconque.

Ceux qui avaient vingt ans en 80 et ceux qui s’intéressent aux riches heures de l’histoire du Rock noteront d’emblée que des références flagrantes telles que The Chameleons, Clan of Xymox, The Sisters of Mercy, Tears for Fears et parfois même New Order s’y bousculent… Et puis que tout l’attirail emblématique de la décennie incriminée (Synthé analogique, pédales Flanger, Delay et Chorus poussées dans leurs derniers retranchements, mastering glacial et cristallin) y répond Présent, aussi.

Le fait que ces petites perles soient en quelque sorte nées d’un projet schizophrène sur des bases régressives temporelles si chères à Freud nous permettrait d’embrayer vers des supputations d’ordre psychanalytique… On pourrait s’imaginer régressant vers le confort illusoire d’un quelconque stade antérieur… (Une autre façon, plus pédante,d’interpréter l’inoxydable « C’était mieux avant »),mais on n’en fera rien, on oublie tonton Sigmund et on écoute The Demonstration de Drab Majesty, c’est tellement plus jouissif.


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