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Séance de Rattrapage #54 - Baby Guru, Rhinos are People Too, Zebra

mardi 28 mars 2017, par marc


Baby Guru - Innerear

Encore une production grecque, encore un chouette album venu d’un peu nulle part. Comme il commence sur un mode pop indé léger, avec ce qu’il faut de discrétion et de malancolie, on se demande s’ils vont pouvoir maintenir le cap de ce morceau bien fichu, solide et assez imparable si vous voulez mon avis. La mélodie a en tous cas tendance à furieusement rester en tête mais on sait aussi que très très peu de groupe peuvent maintenir ce style à un niveau élevé sur la longueur d’un album.

La solution donc ? Varier, changer et dans le cas qui nous occupe, c’est du côté de tendances plus lysergiques que cet album lorgne. Le groovy Oaxaca part sur un délire kraut et psychédélique. On note qu’un des membres de ce quatuor fait partie du très recommandable groupe rock psyché Chickn. C’est sans doute un renfort de choix pour réussir Motel Rwanda (en quelle langue est-ce chanté ?) sans l’étirer exagérément (les morceaux restent courts).

Quand ils reviennent à des choses plus ensoleillées sur Bluebird Picnic, on se souvient de Vampire Weekend qui avait remis ça au goût du jour il y a dix ans déjà. Ajoutons aussi les beaux tons de Before Sundown et l’atterrissage en douceur d’Amarousion pour conclure que c’est une belle découverte à faire ici.

Rhinos Are People Too - Hello From The Gutters

C’est un fait, les noms les plus singuliers sont parfois les plus faciles à retenir. Outre leur patronyme, on avait aussi noté la musique chez les Flamands de Rhinos Are People Too sur un EP bien saignant qui mêlait nostalgie et urgence.

Leur premier album est moins percutant d’emblée certes, mais il faut tenir dix titres ici, pas quatre. Ça part donc bien avec Ariel, très éthéré avec une voix très haute. Le gros son ne viendra qu’après, Hear The Night lançant les hostilités pour de bon. Leur dream-pop fait logiquement la part belle aux voix angéliques (qui semblent ici plus planquées dans le mix) et de profondes textures. A cet égard, leurs moments plus rentre-dedans sont plus convaincants que quand ils se font plus pop (Last Dance).

On applaudit aussi quand ils redescendent avant de monter (Under The Desert Sun), maitrisent les variations rêveuses (Dead Birds) ou quand la belle mélodie de Mirrors a la mélancolie et la lourdeur requises. Notons aussi 31230051165 pour l’emploi conjoint de la langue française et de sons électroniques plus durs.

On ne retrouve pas un ici un morceau nettement au-dessus du lot comme l’était Abaddon mais l’album est d’une belle cohérence et valide les promesses de l’EP et confirme Zeal Records comme découvreur de talents de premier plan.

Zebra - Tango

Vu l’arsenal sonore mis à disposition des formations maintenant, on peut distinguer ceux qui en tirent le meilleur. Ce qu’on entend sur cet EP de Zebra est donc paradoxalement puissant. Semblant tourner le dos au spectaculaire, People part en tous cas à la verticale, avec de nombreux changements de braquet mais évoquant plutôt un rouleur qui met gros plutôt qu’un grimpeur ailé qui démarre (je sais que vous adorez mes métaphores cyclistes, avouez-le…).

Surs de leurs effets, ils ne tentent même pas de passer sur la vitesse, mais laisser de la place au chouette riff de Tropical. La fièvre occasionnelle en moins, on pensera aussi à Foals, ce qui met tout de suite à l’aise. Si je suis moins fan de leur façon de déclamer (Oasi), ils n’en sont pas moins groove quand ils envisagent le funk blanc sur Branco (avec quelques mots en français…)

Cette formation italienne devrait en tous cas plaire aux amateurs d’Editors (dont ils ont assuré des premières parties) ou de ce que Foals et The Rapture sont devenus. Ils en ont l’allant. Pas la contance peut-être mais cet EP est une belle promesse qu’il ne faut pas manquer maintenant.

    Article Ecrit par marc

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