lundi 26 mars 2018, par
C’est toujours une (bonne) surprise de voir à quel point des termes comme ‘psychédélique’ recouvrent des acceptions différentes. Dans le cas du quatrième album des Italiens d’Almagest !, on se situe parfois dans la frange la plus délirante et lysergique. 4 Nne aurait sa place dans la longue série des Chemical Playschools de Legendary Pink Dots ou sur Ummagumma de Pink Floyd.
Les autres plages sont moins abstraites certes mais toujours baignées d’une douce folie renforcée par l’emploi de sustain (procédé qui ‘rallonge’ le temps des notes de guitare). Ils peuvent aussi se servir de cordes pour structurer un morceau qu’une batterie ne prenne le relais.
Les morceaux sont longs, les ambiances ont le temps de s’installer. Vocalement, les intonations peuvent être un peu étranges, oscillant entre le Bowie qui déclame et Edward Ka-Spel sur Snake Oil ou Lustighe Ghai. Ils emploient aussi leur langue maternelle, l’Italien (peu usitée dans un contexte pareil) sur Piume et ne reculent pas devant des textes en Allemand sur Helmoltz (Durch Den Irrarten Hindurch). Sur le papier, on imagine que la description peut intriguer mais dans les faits, l’écoute est plutôt une invitation à suivre pour un voyage intérieur non perturbé.
On dirait que plusieurs artistes francophones frappent à notre boite aux lettres pour le moment et on ne s’en plaindra absolument pas tant ils proposent des choses différenciées. Les quatre titres de Barbarie Boxon (chouette nom d’ailleurs) ont en tous cas un point commun qui est l’intensité.
On ne peut passer à côté sur Falaise sur laquelle la conjonction des deux voix fonctionne. Avec de l’apaisement et un rien de bruit pour donner du relief. Ciel Bleu les rapprochera peut-être d’un autre projet belge, Bertier qui pratique un rock détendu et un peu littéraire ainsi que le goût du chorus dense ((Baise) La Mort et sa belle partie de guitare).
Ces morceaux sont volontiers sinueux et c’est plaisant, on sort nettement des chemins trop balisés sans que l’aspect arty n’apparaisse comme une pose. La raison étant principalement l’intensité qui apparait au détour des morceaux pour mieux se tapir dans l’ombre avant de ressurgir. Ils délaissent donc la linéarité et en l’espèce, un petit EP est un bon format pour le genre.
Cet EP sorti sur Freaksville leur servira donc de carte de visite, mettant en avant un engagement supérieur qui pourra faire la différence. On attend évidemment une plus large dose pour confirmer ces excellentes dispositions.
L’utilisation d’éléments des années ’80 peut contribuer à une très large gamme de résultats. Si on a beaucoup parlé et qu’on parlera encore du versant le plus ‘cold’, le mélange pratiqué par le groupe de Los Angeles se veut plus lourd.
Si la présence de la légende des années ’80 Gary Numan est intéressante et très compréhensible vu le style pratiqué, on est plus surpris par la présence occasionnelle de Thor Harris. En tant que batteur de Shearwater, percussionniste des Swans ou en solo, rien ne permettait de déceler un goût pour ce rock gothique. Peut-être qu’une certaine lourdeur peut le rapprocher, un peu, du groupe de Michael Gira.
En effet, cette lourdeur est prégnante, comme si Ladytron terminait ses corn-flakes vitaminés. Elle peut se faire un chouia industrielle sur Agents of Harmony où sur Charm and Demand où la voix se fait un peu hurlante et où on en vient à penser que le dosage ne nous est pas destiné, rendant l’écoute un peu oppressante sur la longueur. Mais si le rock un peu gothique sur les bords (Structures of Love) et très marqué par les années 80 est votre tasse de thé, n’hésitez pas.