Accueil > Critiques > 2018

Mount Eerie - Now Only

mercredi 11 avril 2018, par marc


Pour écrire valablement sur un album, il faut écouter, encore et encore, pousser loin la connivence avec l’artiste et puis on écrit sur la musique parce qu’on aime l’écouter. Donc quand une œuvre est rétive à l’écoute, elle ne débouche jamais sur un article. Sorti après le décès de sa femme Geneviève A Crow Looked at Me montrait le désarroi du tellement attachant Phil Elverum. Je l’avais écouté, la gorge nouée mais c’était tellement sincère, tellement désarmant et au premier degré, le souvenir de l’écoute était tellement fort que je n’y suis plus revenu.

Cet album se place dans la lancée (si on peut dire) du précédent, un peu plus tard forcément, et on suit avec douleur le deuil. Il peut maintenant revenir sur des souvenirs heureux (Tintin In Tibet) et parler du présent.

Ce qui faisait le sel de Mount Eerie, ce sont surtout les textures sonores, une maîtrise du chaos qui nous a valu deux des meilleurs albums de 2012. La forme est ici bien plus simple et on ne retrouve que quelques traces de vrombissement sur le bien nommé Distorsion (onze minutes tout de même). Now Only propose aussi une très légère hausse de tempo mais il faut être très attentif pour retrouver ces moments. La mélodie n’est qu’un vague prétexte. Si la langue anglaise n’est pas votre truc, ce n’est sans doute pas le conseil du moment. Parce que ce sont les mots, justes et forts qui toucheront.

Plus que magnifiques dans l’absolu, ces deux albums sont trop frontalement sincères pour moi, avec trop peu de musique pour trop de mots. S’ils confirment le talent de Phil Elverum, on est certains de ne pas y revenir, parce qu’ils sont finalement pesants et que ce qui nous attachait à Mount Eerie, ce mélange intense, dense et puissant musicalement n’est pas là.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Soap&Skin - Torso

    On ne peut pas dire que l’exercice de l’album de reprise soit notre préféré. Si c’est amusant à petites doses, l’aspect presque toujours hétéroclite de reprises diverses par un.e artiste ou de rerpises d’un.e artiste par une multitude est souvent rébarbatif. Mais avec une forte personnalité musicale établie avec parcimonie lors de ces 15 dernières années, on savait que la cover était un des (…)

  • The Cure - Songs of a Lost World

    ’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)

  • Tindersticks – Soft Tissue

    Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
    Cet album ne (…)

  • Nick Cave and The Bad Seeds – Wild God

    La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)