Accueil > Critiques > 2018

DJ Raph - Sacred Groves

mercredi 6 juin 2018, par marc


Il faut toujours distinguer le contexte et le résultat. Dans le cas du producteur de Nairobi DJ Raph, les deux présentent une belle cohérence. S’il ne s’est pas rendu systématiquement sur le terrain comme Alan Lomax qui a documenté la musique folk et country traditionnelle aux Etats-Unis, il s’est plongé dans la pléthorique collection de l’Iwalewahaus de Bayreuth. Ses emprunts proviennent du Tchad au lac Kivu en passant par la République Centrafricaine.

Il y a évidemment une vraie création à partir de cette matière première mais qui est abordée frontalement, pas via des biais plus détournés de l’Hantologie. Pour que ça fonctionne, il est essentiel de ne pas dénaturer cette matière première à coups de beats vulgaires. Eviter le syndrome Deep Forest quoi. Le traitement est manifeste mais reste discret et ne se limite pas à l’adjonction d’une boite à rythme. On sent sur Earthstep une volonté de prolonger la matière plus que de l’exploiter.

Parfois, le curseur est plus dans la zone électronique sur Ikondera mais ça n’apparait pas comme une trahison. On notera aussi quelques claviers additionnels çà et là (Yayaya Twins). Les mélopées sont évidemment entêtantes (Chant of the Umuhara, Drum Rythms) et fournissent d’excellents points de départ. Tout est affaire de démarche et d’équilibre ici. Sans doute que l’origine kenyane de l’artiste l’aide à ne pas altérer l’authenticité d’un projet qu’on recommande sans réserve à tout esprit curieux, qu’il soit friand ou non (c’est mon cas) de musique du monde.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Dark Minimal Project – Remixes

    On vous avait déjà dit tout le bien qu’on pensait du second album de Dark Minimal Project, Ghost of Modern Times. On avait décelé un cousinage certain avec Depeche Mode et c’était loin de nous déplaire. Et la ressemblance se prolonge avec ces remixes, le groupe anglais étant très friand de l’exercice. Sur la pochette, les deux protagonistes Guillaume VDR et Ange Vesper semblent avoir pris cher mais (...)

  • Tinlicker – Cold Enough For snow

    Chacun va mettre sa ligne rouge sur cet album du duo de producteurs bataves Micha Heyboer and Jordi van Achthoven. C’est forcé tant cet album oscille entre trop et beaucoup trop, délicatesse et évanescence. Mais il est aussi impossible de ne pas trouver son compte non plus. Ce continuum qui va de la pop dansante et cotonneuse à du matos pour une rave à 4 heures du matin est en tout cas assez (...)

  • Jonas Albrecht - Schrei Mich Nicht So An Ich Bin In Trance Baby

    Si ce n’est pas trop visible pour le lecteur, certains distributeurs participent beaucoup à la ligne éditoriale. Parmi eux, Five Roses tient la pole position. Si l’éclectisme est remarquable, une des constantes est la présence d’artistes qui manipulent la percussion comme matière première. Dans un passé récent, on a eu le dernier Peter Kernel, la claque de Parquet et tous les projets d’Anthony Laguerre (...)

  • Parquet – Sparkles & Mud

    Alors que la technologie tente depuis très longtemps d’avoir des équivalents numériques à tous les instruments qui existent, la démarche de certaines formations va dans le sens opposé. Certes, c’est parfois anecdotique quand certains se présentent comme fanfare techno (Meute) mais dans le cas qui nous occupe, la force de frappe est indéniable.
    Parquet a été fondé en 2014 par Sébastien Brun qui a déjà (...)